Ambiance dancefloor, dance music populaire ou album concept aux inspirations pop française des 70s… zoom sur trois albums du moment à écouter absolument.
Agar Agar
Depuis leur rencontre à l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy et leur premier concert bricolé en 2015, le duo français Agar Agar s’est imposé comme une des valeurs montantes de l’électro contemporaine. En puisant dans le vivier fantastique de la pop synthétique des années 1980, de la plus bubble gum à la plus énervée – on pense à Elli & Jacno, Eurythmics ou Kas Product –, qu’ils revisitent à l’aune des circuits imprimés, house et techno en tête, le duo a forgé en une petite poignée d’années un univers dansant comme mélancolique, extraverti comme introspectif, vaporeux comme sautillant, devenu une marque de fabrique. On ne se lasse pas d’écouter leur nouvel album, Player Non Player, plus axé sur le dancefloor et grand ouvert aux audaces musicales, accompagné d’un jeu vidéo spécialement conçu pour l’occasion, Agar Agar affine son univers musical avec cette décontraction nonchalante et cette naïveté confondante qui les rendent si attachants et séduisants.
Agar Agar, «Player Non Player» (Cracki Records).
Daniel Vangarde
Producteur mythique de musiques populaires, joyeuses et dansantes, on lui doit des succès phénoménaux, le français Daniel Vangarde a refusé tout au long de sa vie de parler de lui, préférant rester dans l’ombre des artistes qu’il propulsait en tête des hit-parades. A 75 ans, celui qui accessoirement est le père de Thomas Bangalter, le producteur prodige et moitié des Daft Punk, se raconte à l’occasion d’une compil de luxe du best of de ses nombreux projets. De ses débuts à composer pour la variété française, de Joe Dassin à Régine en passant par Dalida et Ringo, jusqu’au succès international des Gibson Brothers avec leur disco teinté de salsa, d’Ottawan et son D.I.S.C.O obligé de tout karaoké et de la Compagnie Créole qui a popularisé le folklore antillais, Vangarde n’aura cessé de multiplier les projets avec décontraction et second degré. The Vaults of Zagora, en 20 titres rares, explore les arcanes d’un des producteurs français les plus influents de ces 50 dernières années.
Daniel Vangarde, «The Vaults of Zagora» (Because).
Mélanie
Compagne d’Eric Chédeville, musicien et producteur secret de la French touch souvent aux côtés des Daft Punk, Mélanie éclot enfin dans toute sa beauté et sa singularité avec un premier album concept –Cri d’amour – qui puise dans la pop française lettrée, raffinée et envoûtante des 70s. Hanté par le fantôme de Gainsbourg, des titres comme la Ballade de Melody Nelson, Je t’aime moi non plus ou Goodbye Emmanuelle, et empruntant aux splendides arrangements de cordes de Jean-Claude Vannier, les 13 titres de l’album se déroulent en forme de confessions intimes et érotiques, entre souvenirs et fantasmes, autour de l’amour et de ses étranges circonvolutions. Moitié susurré et chanté par la voix langoureusement érotique de Mélanie, Cri d’amour est le récit musical d’une crise amoureuse, alternant tensions dramatiques et souffles d’apaisement, conçu comme un travail d’orfèvre où le regretté Tony Allen distille sa science du groove. Un disque hors norme, comme issu d’un autre temps, qui prend son temps pour mieux nous séduire.
Mélanie, «Cri d’amour» (Comet Records).
Patrick Thévenin
Photographie principale : Mélanie
A lire aussi : Adé, graine de rock