C’est une chanteuse des rues résolument moderne qui a investi la scène du Théâtre des Champs-Elysées en novembre dernier. Dans le rôle-titre de La Périchole d’Offenbach, Antoinette Dennefeld y faisait chavirer les cœurs de son fiancé Piquillo et du Vice-Roi du Pérou, sous les yeux d’un public conquis. «J’aime la joie qui transparaît dans la musique d’Offenbach, la satire aussi.»
En pleine tournée avec La Périchole, la mezzo-soprano se confie sur son parcours. «Je suis née dans une famille de musiciens. Mes parents organisaient des concerts de musique sacrée. Quand j’ai eu l’âge, j’ai demandé à chanter dans le chœur et j’ai découvert très tôt le plaisir physique du chant. J’ai fait aussi beaucoup de danse, de théâtre et du piano.» Originaire de Strasbourg, Antoinette poursuit ses études en Suisse et obtient son master à la Haute Ecole de musique de Lausanne. Elle fait ses premières armes au chœur de l’Opéra de Lausanne, puis décroche des rôles dans la maison. Ses personnages favoris, Charlotte, dans Werther de Massenet, et Carmen, dans l’opéra éponyme de Bizet, elle les a abordés la saison dernière respectivement à l’Opéra de Marseille et à l’Opéra national du Rhin. «J’aime la période romantique en général, en particulier le romantisme français, parce que c’est ma langue natale. Massenet est l’un de mes compositeurs préférés. Il a écrit une musique dans laquelle je me sens très à l’aise vocalement.»
A l’initiative du Palazzetto Bru Zane, elle participera en fin de saison à la redécouverte d’un opéra oublié de Massenet, Grisélidis. Aujourd’hui, elle nous donne rendez-vous avec le chef-d’œuvre de Debussy, Pelléas et Mélisande, dirigé par la cheffe finlandaise Susanna Mälkki. «Mélisande, c’est un personnage énigmatique. Golaud la découvre au milieu d’une forêt. On ne sait pas d’où elle vient. On comprend qu’il lui est arrivé quelque chose de terrible. Elle a un rapport au monde enfantin, naïf et concret en même temps. La partition aussi rend ce rôle magique.» Côté disques, son timbre lumineux nous enchante dans un enregistrement de La Clémence de Titus. «C’est une des plus belles pièces dramatiques de Mozart, une histoire de conflit entre l’amitié et l’amour.»
Alice de Chirac
Photographie principale par Louis Barsiat
«Grisélidis», de Massenet, au Théâtre des Champs-Elysées, le 4 juillet.
Album : «Mozart, “La clemenza di Tito”» (Alpha).
www.theatrechampselysees.fr
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