Elle a ce petit rien d’étrange dans le visage qui la rend inoubliable : des pommettes saillantes, une petite bouche joliment dessinée, des cheveux souvent d’un blond spectaculairement platine… et de grands yeux noirs écarquillés.
Que certains ont curieusement jugés “trop éloignés l’un de l’autre”. Sur Facebook, quelqu’un l’a même comparée à un “poisson”. En 2016, une journaliste américaine lui a carrément demandé : “Vous avez de beaux yeux, mais ils sont si éloignés l’un de l’autre. Quand vous étiez enfant, est-ce qu’ils vous gênaient ?” L’actrice a avoué plus tard que cette question l’avait longtemps tourmentée : «J’étais bouleversée. J’ai même cessé de me regarder dans le miroir pendant très longtemps. Depuis, je dirais que j’ai appris à aimer mes yeux. Maintenant, il semblerait qu’ils soient comme les gens le veulent… mais c’est une drôle d’histoire.» Au quotidien britannique The Sun, elle a confié, sûrement un jour de grisaille : «Je crois que je ne suis même pas assez belle pour être sur grand écran.» Qu’Anya se rassure, elle est d’une beauté unique !
Anya Taylor-Joy est née à Miami, en Floride (USA), en avril 1996, dans une grande famille mélangée de six frères et sœurs : une mère née en Zambie, qui vit son enfance en Espagne, un père argentino-écossais, banquier d’affaires, puis pilote de bateaux à moteur de course… Anya grandit en Argentine, à Buenos Aires, mais, lorsqu’elle a 6 ans, la tribu déménage à Londres. La petite fille apprécie très peu les mille nuances de gris, les brouillards opaques et les tristes pluies anglaises, au point qu’elle refuse d’apprendre la langue et ne s’exprime qu’en espagnol. La légende dit qu’elle a appris l’anglais à 8ans avec Harry Potter. Elle affirme avoir lu sept fois Harry Potter et l’ordre du Phénix, car, dit-elle : «C’est le tome de la magie et de la sorcellerie. A mes yeux, la lecture constitue une expérience réconfortante: c’est une façon de prendre soin de soi.» A 14 ans, Anya part s’installer seule à New York pour suivre des études de comédie. La chance lui sourit l’année suivante: elle est repérée en pleine rue par Sarah Doukas, qui dirige l’agence de mannequin Storm Model Management et qui a découvert Kate Moss. Anya a raconté en souriant l’anecdote à The Hollywood Reporter : «Je portais les talons de ma mère pour la première fois, parce que je devais me rendre à ma première “fête d’adulte”, et je voulais m’entraîner, alors j’ai promené mon chien avec mes hauts talons, et une auto noire a commencé à me suivre. J’ai essayé d’échapper à la voiture, mais elle m’a poursuivie, et j’ai fini par courir. Un homme a passé la tête par la fenêtre et m’a dit : “Si tu t’arrêtes, tu ne le regretteras pas”… et je me suis arrêtée net. C’était ridicule, mon instinct de survie avait disparu. Mais, à l’intérieur de la voiture, se trouvait la directrice d’une agence de mannequins, Sarah Doukas, qui est adorable, et elle m’a bien grondée, en fait, pour m’être arrêtée. Elle m’a dit : “S’il te plaît, ne refais jamais ça ! Est-ce que tu peux venir à l’agence de mannequins demain avec tes parents?” Je n’avais jamais pensé que je pouvais être mannequin.»
Après quelques apparitions à la télévision, Anya se fait remarquer en 2015 dans le film d’horreur The Witch. «Après avoir lu le scénario, je n’ai pas dormi de la nuit. A l’audition, je tremblais. Mais, poussée par une obscure pulsion, j’ai ressenti le besoin de participer à cette histoire.» Un film qui va profondément la marquer. En 2022, elle déclare à Variety : «Mon premier chagrin n’a pas été la fin d’une relation. Mon premier chagrin d’amour a été de terminer mon premier travail. La perte d’un monde des personnes qui étaient devenues tout pour moi.» Anya est ensuite à l’affiche de deux films : Morgan , réalisé par le fils de Ridley Scott, et Barry, un biopic sur la jeunesse de Barack Obama. En 2017, elle est une des trois héroïnes de Split, de M. Night Shyamalan. Devenue l’une des révélations de l’année, elle incarne Magik dans l’adaptation du comics Les Nouveaux Mutants. Le 28 février 2021, consécration, elle remporte le Golden Globe de la meilleure actrice pour son rôle dans la minisérie Le Jeu de la dame. Visionnée dans 62 millions de foyers, la série Netflix fait partie du top10 des séries dans 92 pays. Sur son compte Instagram, suivi par 3,8 millions de fans, Anya Taylor-Joy s’enthousiasme: «C’est surréaliste quand quelque chose qui vous tient à cœur connaît un tel succès.» Et ses followers confirment : “Vous êtes une beauté étrange et atypique. Unique en son genre.” De quoi définitivement la rassurer.
En février 2024, Anya est du grand show de Dune, deuxième partie, aux côtés de Timothée Chalamet et Zendaya. Pour l’avant-première, à Londres, elle est apparue dans une robe Dior (Anya est ambassadrice de la maison depuis mai 2022) d’un blanc immaculé, avec un décolleté profondément plongeant, et, pour la première partie de la soirée, un voile sur la tête. Ce qui ne manqua pas de susciter la polémique: “Pourquoi porte-t-elle un hidjab?”, a-t-on pu lire sur les réseaux. “C’est de l’appropriation culturelle”, ont persiflé d’autres. Anya n’a pas réagi, et c’est tant mieux.
En mai, à la suite de Charlize Theron, elle épisode de la saga Mad Max de George Miller. «Ce film a été une expérience qui a changé ma vie, dit-elle. J’ai eu l’impression d’avoir grandi, c’est sauvage. Tout à fait unique. Il faut s’assurer que l’on met sa passion dans des choses qui nous tiennent à coeur, afin qu’elles nous alimentent plutôt qu’elles ne nous avalent. Je ne veux jamais perdre l’amour de mon art. J’en suis tellement amoureuse. C’est la relation la plus sacrée que j’ai, et l’idée d’être désenchantée me briserait le cœur.»
Anya assume très bien son statut de star : être devenue l’une des actrices les plus bankables du moment ! «Je pense que, dans la vie, mais tout particulièrement dans l’industrie du cinéma, si vous n’avez pas une idée claire de qui vous êtes, ce monde peut vous dévorer.» Dans une interview au magazine Numéro, elle déclarait, lucide : «J’ai l’impression d’être définitivement connectée à mes émotions et sensible, mais je suis aussi dure. Cette industrie, comme le reste du monde, peut être impitoyable. Alors, oui, je suis assez dure.» Au sortir d’une soirée de promotion pour les montres Jaeger-LeCoultre, elle a raconté une anecdote révélatrice de sa personnalité: «L’une des plus grandes fiertés de ma vie a été d’offrir une montre Jaeger à mon père. Je lui ai offert la Reverso Classic. C’était un grand moment. Mon père dit toujours: “Plus je travaille dur, plus j’ai de la chance.” J’ai donc gravé “Plus on travaille dur, plus on a de la chance”. En dessous, j’ai entouré le chiffre5: lorsqu’il était pilote de bateaux à moteur, son numéro de course était le 5. Cela l’a fait pleurer! C’était très mignon.» Et Anya a ajouté: «J’ai grandi comme un garçon manqué. Je n’ai jamais prêté attention aux vêtements jusqu’à ce que je réalise qu’il s’agissait pour moi d’une forme d’art de la performance, en particulier sur les tapis rouges. J’aime le drame. J’aime la théâtralité.»
Anya Taylor-Joy a tous les talents, elle joue la comédie, elle danse, elle chante (très bien) et avoue même écrire de la poésie… Avec sa détermination et sa force de caractère, la star “spéciale” va aller très loin. Scott Frank, scénariste, producteur et réalisateur, dit d’elle : «Avec Anya, même s’il y a quelqu’un d’autre dans la pièce, vous n’avez d’yeux que pour elle. Elle transmet une telle intelligence sans rien perde de sa vulnérabilité.» Mais Anya reste très concentrée sur son travail d’actrice : «Il m’arrive de continuer à m’inquiéter pour mes personnages, alors que le tournage est terminé !»
A la 94e cérémonie des Oscars, Anya Taylor-Joy portait une robe bustier Dior Haute Couture en soie ivoire avec des pétales brodés gris inspirés de la robe «Vénus» de Christian Dior. Et la montre Jaeger-LeCoultre, «101 Reine» en or blanc, orné de diamants et d’un délicat cadran de nacre.
Séraphin Bonnot
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