Elle vient de diriger La Voix humaine de Poulenc à l’Opéra national du Rhin. Fille d’artistes lyriques, Ariane Matiakh a fréquenté les maisons d’opéra dès son enfance. «J’y ai découvert ce mystérieux instrument qu’est l’orchestre, l’organisation de ces harmonies magnifiques. Le rôle du chef d’orchestre avait une part de magie et de beauté qui m’a interpellée.»
Après des études de piano et d’accompagnement, elle étudie la direction d’orchestre à Reims et part compléter sa formation à Vienne pendant trois ans. «J’ai fait l’apprentissage du grand répertoire allemand et autrichien avec Leopold Hager. Son assistant, Yuji Yuasa, m’a fait connaître l’école de Seiji Ozawa et la méthode Saito, basée sur les arts martiaux, qui enseigne un contrôle précis des gestes et la manière de distribuer l’énergie.» Elle chante alors dans le Chœur Arnold Schoenberg sous la direction de Nikolaus Harnoncourt. Le chef devient un modèle, ainsi que Simone Young. «Je l’ai vue diriger de grands orchestres viennois. Cela m’a donné le courage de me lancer.»
Aujourd’hui, Ariane fait partie des rares femmes à mener une carrière internationale de cheffe d’orchestre. Son premier poste de cheffe assistante à l’Opéra de Montpellier lui met le pied à l’étrier avant de conduire en cheffe invitée des orchestres prestigieux dans le répertoire lyrique et symphonique. Depuis septembre, elle est directrice musicale de la Württembergische Philharmonie Reutlingen, un orchestre allemand ouvert à de nombreux répertoires, un instrument idéal pour cette passionnée de la période romantique qui excelle aussi dans le répertoire contemporain. Récemment, elle a créé Les Eclairs, de Philippe Hersant, à l’Opéra Comique. Cette performance faisait suite à la direction étincelante de l’opéra Penthesilea, de Pascal Dusapin, à la Philharmonie, avec l’Orchestre de Paris, une phalange qu’elle retrouvera en mai pour un concert symphonique. Les cieux dépeints par Charles Koechlin, un compositeur qu’elle souhaite faire connaître, défieront les océans imaginés par Britten et Debussy et le magistral Concerto n° 2 de Chopin. Son secret avant de se rendre sur scène ? Le yoga et la méditation, confie cette musicienne et mère épanouie, récemment promue officier des Arts et des Lettres.
Alice de Chirac
Photographie principale : Marco Borggreve
Concert avec Lise de la Salle et l’Orchestre de Paris, à la Philharmonie, les 24 et 25 mai.
Album : «Koechlin, “The Seven Stars Symphony” et “Vers la voûte étoilée”» (Capriccio).
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