Offrir un bijou d’occasion ? Il y a encore peu, l’idée passait pour saugrenue, voire dévalorisante pour celui ou celle qui offrait ou recevait. Mais l’époque change très vite, et ce qui était acceptable pour les vêtements de mode l’est devenu pour la joaillerie désormais baptisée “de seconde main”.
La crise économique est certes passée par là, mais aussi un réel souci de durabilité des biens que nous consommons. Désormais, on vide le coffre de grand-mère sans états d’âme ! «La vente de bijoux vintage et de pièces de seconde main a toujours existé, mais la nouveauté, c’est d’avoir digitalisé, professionnalisé et démocratisé cette pratique», expliquent Charlotte Rey et Anne Borde, fondatrices il y a un an de Castafiore, l’une des plus importantes plateformes internet spécialisées dans la vente de bijoux de seconde main. La première a passé vingt ans chez Cartier ; la seconde, trente chez Drouot. Complémentaires et amoureuses de beaux bijoux qu’elles souhaitent à nouveau voir porter, elles ont imaginé avec Castafiore une expérience en adéquation avec les attentes des consommateurs. «La joaillerie est un univers assez peu connu, et le public est parfois un peu perdu», poursuit Charlotte Rey. «Il a existé beaucoup de bijoutiers créateurs, il n’y a pas que les grandes maisons ! Mais 80% des bijoux n’étant donc pas signés, ils n’ont pas de cote. Il fallait régler le souci de l’authentification par des professionnels et de la fixation d’un prix. Souvent, la valeur d’un bijou vintage ne correspond qu’au poids de l’or qu’il contient. Cela ne rend pas justice à la créativité et au savoir-faire de l’artisan qui l’a fabriqué. Nous essayons donc de mettre aussi en avant le travail du bijoutier et de l’adapter également aux tendances du marché actuel. Aujourd’hui, par exemple, les bagues et bracelets modèles tank des années 1940 et 1950 sont très prisés.»
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De l’historique Collector Square à Vestiaire Collective en passant par Castafiore, Caillou, 58 Facettes, Stone Vintage ou Omneque, plusieurs plateformes proposent de la bijouterie-joaillerie de seconde main produite par de “petits” bijoutiers ou par les grandes maisons. Celles-ci, justement, suivent de près ce nouveau marché, cherchant le meilleur positionnement sur ce qui représente leur patrimoine artistique. Ainsi, depuis longtemps, Cartier propose, au sein de sa collection Tradition, des pièces vintage rachetées lors de ventes aux enchères ou auprès de sa clientèle. Chez Van Cleef & Arpels, il faut se plonger dans la collection Héritage pour découvrir d’exceptionnelles pièces du passé. Luxueuses et chères, elles ne sont finalement pas sur le même créneau que les nouvelles plateformes, plus abordables. Marc Deloche vient de lancer sa plateforme de bijoux de seconde main, Re-Belle. De la place Vendôme à la bijouterie de quartier, les bijoux, comme les diamants, sont éternels…
Philippe Latil
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