Kendall Jenner, Cate Blanchett ou Cardi B raffolent du vestiaire élégant, sophistiqué et sensuel de ce jeune créateur français d’origine turque. Rencontre dans son atelier parisien avec Burc Akyol, un styliste talentueux de 34 ans, bien armé pour devenir un grand.
Votre père était tailleur, et, enfant, votre chambre était son atelier. La mode était une évidence pour vous ?
Burc Akyol. Enfant, je voulais être comédien, et je faisais du théâtre. Mais ce qui m’intéressait le plus était de mettre en scène une histoire. Et comme je dessinais sans arrêt des vêtements, les deux ont fini par se fondre. Et puis, à 10 ans, j’ai vu à la télé un défilé Hedi Slimane pour Dior Homme. Je me suis dit : “Wahou ! c’est quoi, ce métier ?”, et le lendemain j’achetais mon premier Vogue !
Vous avez étudié à l’Institut français de la mode, à Paris, puis vous vous êtes formé chez les plus grands, John Galliano
chez Dior, Nicolas Ghesquière chez Balenciaga…
J’ai commencé comme petit assistant, mais c’était génial, j’ai beaucoup appris en peu de temps. John est très généreux, il est dans la transmission du savoir, dans l’échange. Avec Nicolas, c’était différent, j’étais au studio homme, très responsabilisé, car c’était une toute petite équipe et tout le monde mettait la main à la pâte. Après, je suis reparti faire de la femme chez Ungaro, où j’ai rencontré Esteban Cortazar, puis chez Chevignon, où je développais la ligne femme et la ligne Heritage. Je dirigeais 25 personnes et je n’avais pas 25 ans !
Chez Ungaro, vous avez été le directeur de collection pendant cinq ans d’Esteban Cortazar…
Quand il a relancé sa marque, je me suis impliqué dans tous les domaines, créatifs, commerciaux et exécutifs : ce fut une expérience très complète. Naturellement, j’ai eu envie à un moment de faire tout ce travail pour moi-même. Esteban l’a très bien compris et m’a souhaité le meilleur quand je suis parti créer ma marque éponyme en 2018.
Que vous avez lancée sans préparation particulière ?
Comme un kamikaze ! Sans investisseurs ni rien, juste en se disant que, pendant quelques années, on ne va plus vivre que pour ça ! Ma première collection, Coll 01 Part 01, est sortie juste avant le premier confinement. Les acheteurs étaient au rendez-vous mais tout s’est brutalement arrêté. Alors, ces trois dernières années, j’ai créé des collections pour continuer à exister et pour pouvoir redémarrer dès que possible.
Comment définiriez-vous votre style ?
C’est d’abord du “conceptual sexy ”, un vestiaire sensuel mais qui a du sens. Ensuite, c’est ma personnalité et mes influences : j’aime la sophistication, l’élégance, l’idée de faire un effort vestimentaire si, par exemple, on sort le soir. S’habiller, c’est du self-love ! Mes modèles sont Alaïa et Yves Saint Laurent. Tous deux se sont construits là où leurs origines n’étaient pas. Et, dans ce cas, on essaie toujours de relier ces deux identités, orientale et occidentale, dans un dialogue créatif.
Des stars comme Kendall Jenner, Cardi B, Cate Blanchett vous soutiennent. Comment voyez-vous la suite ?
Ça s’enchaîne bien. Je viens de gagner le prix du pays invité (Turquie) au Fashion Trust Arabia, ce qui me procure une belle visibilité. Les acheteurs viennent me découvrir en showroom et je vais arriver dans les grands magasins, à Paris et dans les capitales importantes. Surtout, l’e-shop cartonne, et j’en suis très heureux. Quand Olivia Culpo pose sur le red carpet des British Fashion Award 2022, les gens commandent dès le lendemain sa tenue ! Enfin, j’ai hâte de participer à la prochaine Fashion Week parisienne !
Propos recueillis par Philippe Latil
Photographie principale par Dani Bastidas
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