Mikael Takacs est un peintre qui efface des photographies. Au premier regard, on peut prendre ces images pour des photographies déformées numériquement. Il n’en est rien. Mikael Takacs peint des portraits à l’acrylique sur des toiles. «Toujours bien à l’horizontale, précise-t-il, sinon la peinture coule.» Puis, avant que son premier travail ne sèche, il strie et déforme ses peintures avec divers outils, des bâtons, des griffes ou des peignes. A l’arrivée, des images «marbrées», comme vues à travers une vitre cathédrale. Takacs utilise toujours comme base des photographies, qu’il réalise lui-même ou qu’il découpe dans les magazines. Il les peint ensuite minutieusement sur sa toile. Avant de chercher à s’en éloigner. L’éloignement est pour lui essentiel. Il veut prendre des distances avec le réel. «Mes motifs tourbillonnent sur la toile lorsque vous les regardez de près, mais reprennent la forme du portrait lorsque vous faites quelques pas en arrière.» Il aime que le portrait redevienne anonyme. Que la ressemblance s’efface, que le flou s’installe. «Vous projetez vos propres pensées plus facilement sur quelqu’un que vous pouvez à peine voir.» Ce qui est important pour lui, c’est de trouver la bonne distance, entre le vivant et le vague, le figuratif et l’abstrait. «Si je devais peindre un paysage, j’aurais peur de me perdre complètement dans les motifs.»
Claude Maggiori
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