Céline d’Aoust ouvre sa première adresse française: une boutique intimiste, nichée au cœur de Saint-Germain-des-Prés. Retour sur le parcours étonnant de cette créatrice de bijoux.
Lorsqu’elle évoque son enfance, Céline d’Aoust se souvient de sa mère et des pierres que cette dernière lui glissait dans les poches pour la protéger de son quotidien «quand je voyageais, quand je ne dormais pas bien, quand je n’arrivais pas à me concentrer. C’est elle qui m’a transmis une sensibilité aux pierres et à leurs énergies». Cet héritage familial, Céline d’Aoust le prolonge en 2009 lorsqu’elle décide de créer sa marque de bijou. Depuis, elle le partage à son tour par ses créations à qui souhaite y croire sans pour autant fonder l’identité de sa marque uniquement autour de ces croyances. Le parcours de la créatrice est à cet égard bien plus significatif.
Lorsqu’elle décide de reprendre ses études, Céline d’Aoust découvre d’abord la broderie auprès de la maison Lesage où elle dit avoir adoré l’attention au détail qui était portée aux choses très fines. «De fil en aiguille, j’ai commencé à faire des bijoux, en tissus, en broderies, que j’ai vendus assez rapidement. Puis, je me suis dirigée vers les pierres semi-précieuses que l’on pouvait trouver dans les boutiques d’Anvers mais seulement en quantité limitée. J’ai vu que les tourmalines que j’achetais venaient de Jaipur, et j’ai donc décidé de partir pour cette ville.»
Carrefour mondial dédié au commerce des pierres précieuses, Jaipur vit au rythme de cette activité, nous raconte la créatrice qui découvre une ville «où tous les métiers tournent autour du bijou et où la symbolique des pierres est omniprésente. Il existe une pierre de naissance, une pierre pour chaque mois par exemple». Elle évoque également, avec beaucoup d’admiration, le profond respect que les habitants de Jaipur témoignent envers la nature «Il existe des rituels pour remercier la nature de ce qu’elle nous offre. J’ai assisté là-bas à une scène incroyable où des habitants, pour construire un pont, ont dû couper un grand arbre. Mais après l’avoir coupé, ils l’ont recouvert d’un drap, un peu comme sur une scène de crime, et ont fait des prières autour de lui».
Céline d’Aoust tombe immédiatement amoureuse de cette ville: «J’ai eu un vrai coup de cœur et j’ai dit à mon mari «Je sens qu’un jour je viendrais vivre ici». C’était un truc viscéral». Elle y passe désormais six mois dans l’année, réfugiée dans sa maison et loin du tumulte occidental. Les collections qu’elle imagine là-bas sont toutes pensées à partir des pierres qu’elle trouve sur place: «Nous avons appris à travailler avec des pierres brutes, sur le tas. Nous avons même été jusque dans les mines à Madagascar !» La tourmaline colorée, sa pierre de prédilection, est celle qu’elle utilise principalement dans ses collections. Dans cette pierre, la créatrice dit aimer ses imperfections qui révèlent, selon elle, la singularité de chaque bijou.
Céline Daoust
8 rue de Grenelle, Paris VIe
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