Des tissus muraux au mobilier qu’elle dessine, Daphné Desjeux décore des hôtels et des restaurants en s’attachant à créer des atmosphères.
Il suffit de pénétrer chez Mondaine, le nouveau néo-cabaret chic et festif qu’elle a décoré pour le groupe Paris Society : un boudoir chic à l’ambiance délicieusement parisienne que cette architecte d’intérieur, parmi les plus demandées de la jeune génération, décrit d’une image parlante : «Nous sommes dans l’appartement d’une mondaine des années 1970 qui invite à sa fête Yves Saint Laurent et Serge Gainsbourg. Le dîner n’est bien sûr qu’un prétexte pour s’encanailler et danser sur les banquettes !» Puis elle ajoute : «Je suis décoratrice de lieux à souvenirs !» Deux Mondaine sont en projet à Sidney et Istanbul, ainsi qu’un restaurant festif à Saint-Barthélemy et deux hôtels dans les VIIe et Xe arrondissements de Paris.
Un parcours brillant et original, car venant après une première vie… à la télévision ! Certains s’en souviennent, d’autres le découvriront à la faveur des rediffusions, mais, dans les années 2000, Daphné Desjeux était la jeune et jolie chroniqueuse qui accueillait les invités de Y’a que la vérité qui compte, programme de TF1 du tandem Bataille et Fontaine. «J’étais étudiante à l’Efap et j’ai effectué un stage chez Loribel, la société de production de Pascal Bataille et Laurent Fontaine. Au même moment, je me sépare de mon mec et je traverse un très gros chagrin d’amour. Je passe le casting et je suis choisie ! Etre à l’antenne ne m’intéressait pas, mais c’était ça ou rester au fond de mon lit à déprimer.» L’aventure durera quatre ans, mais la jeune femme n’a toujours pas envie d’une carrière télé. Elle préfère laisser parler son amour pour la décoration, et s’inscrit à l’Ecole Boulle ! «Dans les années 1990, ma mère, agent de mannequins chez Elite, m’emmenait aux défilés et surtout dans les backstages. J’ai passé mon enfance à voir le Carrousel du Louvre complètement vide, puis entièrement décoré, une mannequin en jean-baskets, puis complètement parée et transformée… J’ai trouvé cet avant-après merveilleux, un véritable tapis rouge pour la créativité. Et puis, j’ai grandi à Montmartre : tous les dimanches, mon beau-père emmenait la famille aux Puces, car il était passionné par l’univers bistrot. Il chinait et il avait acheté un énorme comptoir avec la tireuse à bière qu’il avait installée dans une ancienne laverie de Montmartre, rue des Abbesses. C’était comme un bistrot, mais privé, et on mangeait là, au comptoir. J’ai toujours baigné dans ce côté “vieux Paris”.»
En 2011, elle fonde son agence d’architecture d’intérieur avec une amie, rencontrée à l’Ecole Boulle. La collaboration va durer jusqu’en 2020, quand la jeune femme, souhaitant développer et affirmer son propre style, décide de voler de ses propres ailes au sein de l’Atelier Daphné Desjeux. Entre-temps, des créations remarquées, tels le Handsome, le Snob, le Bob, le Louvre Piémont, La Planque, le restaurant de l’Hôtel de la Marine, Mimosa et l’hôtel particulier de Rohan-Montbazon, rue du Faubourg-Saint-Honoré, adresse historique dans laquelle Coco Chanel présentait en 1932 sa première collection de bijoux en diamants. En plus de Mondaine, Daphné Desjeux a signé l’hôtel Babel, un lieu hors du temps. «Je me plais à créer des décors qui soient chaleureux et théâtraux. Tout le mobilier est toujours dessiné pour chaque projet afin de les rendre singuliers et uniques.»
Philippe Latil
Photographie principale : Benoît Linero
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