Florence Pugh se dit «épuisée». Epuisée d’être une femme à Hollywood. D’être une femme obligée de «correspondre aux stéréotypes créés par les autres», comme elle dit.
Elle vient de faire la une des médias anglo-saxons en affichant encore et toujours sa volonté de sortir de la «dictature de l’apparence». La star d’Oppenheimer et Dune, et bientôt de Thunderbolts*, née à Oxford, Angleterre, le 3 janvier 1996, a déclaré au Times et au Hollywood Reporter : «Ecoutez, tout le monde n’a pas des jambes qui ne vieillissent pas. Je me souviens d’avoir observé cette industrie et d’avoir eu le sentiment de ne pas être représentée. Je me souviens de gros titres affreux sur le fait que Keira Knightley n’est plus mince, ou de voir des femmes se faire dénigrer malgré leur talent et leur beauté. La seule chose dont les gens veulent parler, c’est des conneries inutiles sur l’apparence. Et donc, je n’ai pas voulu respecter ces règles. J’adore remettre en question les idées que je n’aime pas.»
Beaucoup se souviennent de son audacieuse robe Valentino en tulle transparent, portée à Rome, sur les marches de la célèbre Piazza di Spagna, qui avait déclenché une polémique : certains lui reprochant sa trop petite poitrine, d’autres l’audace de se présenter si déshabillée pour un événement mode international… Pugh avait répondu fièrement sur son compte Instagram : «Je savais en portant cette incroyable robe Valentino qu’il n’y aurait pas moyen d’échapper aux commentaires… Négatifs ou positifs, je savais ce que je faisais. Ce qui a été intéressant à observer, c’est la facilité avec laquelle les hommes peuvent détruire totalement le corps d’une femme, publiquement, fièrement, aux yeux de tous. Pour rappel, les seins ne sont pas seulement des organes sexuels, et le problème vient toujours de ceux qui les vulgarisent et les sexualisent, pas de celles et ceux qui les ont. Beaucoup d’entre vous ont voulu me faire savoir de manière agressive à quel point vous étiez déçu par mes “petits seins” ou à quel point je devrais être gênée d’avoir le “torse plat”. Je vis depuis longtemps dans mon corps. Je connais parfaitement la taille de ma poitrine et je n’en ai pas peur. Ce qui est plus préoccupant, c’est… pourquoi avez- vous si peur des seins ? Petits ? Grands ? Le gauche ? Le droit ? Seulement un ? Peut-être aucun ? Qu’est-ce qui vous effraie autant ?»
Puis, dans une autre interview, l’actrice avait ajouté : «Il y a un an, mes tétons étaient exposés à travers un morceau de tissu, et ça a vraiment énervé les gens. C’est la liberté qui fait peur aux gens, le fait que je sois à l’aise et heureuse. Je suis fière d’être restée fidèle à moi-même et de ressembler à ce que je suis : je m’intéresse vraiment aux gens qui m’en veulent encore parce que je ne perds pas plus de poids, ou qui détestent simplement mon anneau dans le nez. Je ne vais pas pouvoir changer radicalement les choses, mais je peux certainement aider les jeunes femmes qui entrent dans cette industrie en faisant en sorte que des choses se disent là où elles ne disaient pas avant.» Lors d’un entretien au magazine Elle anglais, l’actrice avait expliqué : «Je parle de mon corps comme je le fais parce que je n’essaie pas de cacher la cellulite sur ma cuisse ou les petits plis entre mon bras et mon sein : je préfère tout exposer. Je pense que la chose la plus effrayante pour moi, ce sont les polémiques où des gens sont contrariés parce que j’ai “trop montré” de moi-même.»
«C’est la liberté qui fait peur aux gens, le fait que je sois à l’aise et heureuse. Je suis fière d’être restée fidèle à moi-même et de ressembler à ce que je suis»
Florence Pugh est atteinte d’une maladie rare, qui la handicape depuis l’enfance et l’a obligée à vivre avec sa famille en Espagne, la trachéomalacie, qui touche les voies respiratoires, mais qui aujourd’hui lui donne son identité vocale si particulière. Elle se définit elle-même comme «une actrice à la voix étrangement basse et au rire déroutant».

Florence Pugh ©Alamy Live News
L’actrice est une personne étonnante, en plus d’être une femme combative et engagée, Florence est… une bonne cuisinière : elle a créé sur Instagram la série «Cookin With Flo», où elle poste des vidéos de recettes. Elle a aussi montré un vrai talent de chanteuse. Elle publie sur YouTube des reprises de chansons sous l’appellation Flossie Rose. Elle a avoué une étrange manie : elle voyage toujours avec des petites bouteilles de sauce piquante dans son sac… Miss Pugh surnomme Thimotée Chalamet, son partenaire dans Dune, «Chalamala Bing Bong», sans donner de raison valable, mais en expliquant qu’elle a pensé à ce surnom la première fois où elle a entendu le prénom et le nom de l’acteur et que, depuis, c’est resté… A la question d’un média italien : «Votre prénom est-il un hommage à la ville de Florence ?», elle a répondu : «Oui ! Ma famille adore, mais moi, je n’y suis jamais allée… C’est un peu problématique, alors il faut vite que je m’organise.»
Florence Pugh est la vedette du prochain Marvel, dont la sortie est prévue pour le 30 avril 2025, Thunderbolts* (avec un astérisque mystérieux). Le film raconte la révolte d’une bande d’anti- héros et de marginaux pas très clean obligés de s’unir pour lutter contre un ennemi commun (interprété par Lewis Pullman ; Florence, elle, joue la veuve noire russe Yelena Belova…). Au sujet du film, Pugh a déclaré : «J’ai l’impression que c’est quelque chose que nous n’avons jamais vu auparavant chez Marvel. C’est une idée très ouverte, honnête et véridique. Et j’ai vraiment hâte que les gens la regardent.»
Pour finir, Florence Pugh conclut : «Je ne suis pas méchante ; j’espère même que les gens pensent que je suis gentille. Il y a des limites tenues que les femmes doivent respecter, sinon elles sont traitées de divas exigeantes et problématiques… C’est vraiment épuisant pour une jeune femme d’être dans cette industrie, et bien d’autres industries, en fait. Mais j’ai toujours été encouragée à faire entendre ma voix.» Cette voix si originale et stimulante à entendre.
Séraphin Bonnot
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