«Je ne suis peut-être pas la meilleure actrice du monde, mais je trouve que j’ai bien navigué et que je ne m’en tire pas trop mal»
Visage de madone et corps de vamp, Jessica Alba ne fait certainement pas ses 38 ans. Et à voir la bombe de Sin City ou Bleu d’enfer si juvénile et si détendue en face de nous, on ne jurerait pas qu’elle est mère de trois enfants, à la tête d’un empire avec sa propre compagnie de produits écologiques, et désormais la flic de choc et de charme de L.A.’s Finest, une série «spin-off» de la franchise des Bad Boys où elle fait équipe avec Gabrielle Union. Rencontre avec une femme d’action.
Qu’aimiez-vous autant dans l’idée d’une série spin-off de Bad Boys, dont vous êtes aussi coproductrice ?
Jessica Alba. Je suis fan des films produits par Jerry Bruckheimer et j’ai toujours adoré les blockbusters comme Top Gun, Piège de cristal, L’Arme fatale et Bad Boys. Mais je ne me mettais jamais dans la peau de la demoiselle en détresse. Je voulais être Tom Cruise, Mel Gibson, Bruce Willis ou Will Smith… et je me demandais pourquoi de tels rôles ne pouvaient pas être écrits pour les femmes. Lorsque Gabrielle Union, qui reprend dans la série le rôle de la fille de Martin Lawrence qu’elle jouait dans Bad Boy II, m’a proposé de jouer sa partenaire en mêlant à nos personnages nos propres vécus de mère de famille, j’ai sauté sur l’occasion !
Vous aviez justement commencé avec une série de télévision, Dark Angel, de James Cameron. Comment voyez-vous votre propre parcours ?
J.A. Jim (Cameron) m’avait donné ma grande chance, et c’était d’autant plus merveilleux que, comme avec L.A.’s Finest, je pouvais participer à toutes les étapes, du scénario au montage. Mais à l’époque, j’étais la seule, avec quelques filles comme Jennifer Garner et Alias, ou Sarah Michelle Gellar et Buffy, à être l’héroïne d’une série d’action. La série jouait sur le côté garçon manqué, ce qui m’a permis ensuite de me jouer des stéréotypes. Après Dark Angel, on m’a proposé plein de thrillers sexy, mais j’ai préféré faire Honey, un film de danse pour les filles, et Fantastiques Four, un divertissement familial sur le tournage duquel j’ai rencontré mon mari (Cash Warren). Du coup, lorsque Roberto Rodriguez m’a proposé le rôle de la strip-teaseuse de Sin City, c’était le bon moment pour jouer une carte plus sexy. Cela m’a pris beaucoup de temps de m’affirmer, et je ne suis peut-être pas la meilleure actrice du monde, mais je trouve que j’ai bien navigué et que je ne m’en tire pas trop mal. (Rires)
Quels étaient vos rêves en arrivant à Hollywood ?
J.A. Enfant, j’étais malade, j’ai passé beaucoup de temps dans les hôpitaux et j’avais peu d’amis. Je suis née en Californie, d’une mère d’origine européenne et d’un père d’origine mexicaine qui était dans l’armée de l’air. Rien à voir avec le cinéma, mais Hollywood me faisait rêver depuis l’âge de 5 ans, et, à 11 ans, j’ai demandé à ma mère de m’y emmener. Devenir actrice me permettait de m’évader de ma réalité. Je me souviens de mes débuts avec ma mère qui attendait des heures et des heures pendant que je prenais des cours d’art dramatique ou que je passais des auditions. Je me souviens de la beauté des palmiers… (Rires) Los Angeles est magique mais peut aussi être un endroit très sombre pour les apprentis acteurs, vous pouvez être avalé. En revanche, si vous voulez faire ce travail pour les bonnes raisons et si vous êtes créatif et savez vous entourer, vous pouvez vraiment vous construire un petit monde totalement fabuleux.
Aujourd’hui, en plus d’être actrice et productrice, vous êtes aussi une remarquable femme d’affaires, à la tête de Honest Company, une entreprise spécialisée dans les produits non toxiques, que vous avez créée de toutes pièces et qui a fait de vous, selon le magazine Forbes, «l’une des femmes les plus riches des Etats-Unis»…
J.A. Vous oubliez ma troisième carrière : épouse et mère de trois enfants en âge d’user les nerfs de n’importe quel être humain normalement constitué ! (Rires) A la naissance de ma fille Honor, en 2008, j’ai réalisé que tous les produits utilisés pour les bébés contenaient de la pétrochimie. L’un d’eux m’a même donné une allergie. Je me suis retrouvée à proposer à des partenaires masculins mon idée d’une entreprise écologique allant des produits ménagers aux produits de beauté, et il faut croire que c’était une bonne idée, car ces partenaires ont essayé de se l’approprier ! Je viens de rien, je n’ai eu aucune éducation spéciale, j’ai tout appris sur le tas, et oser me poser en femme intelligente m’a pris des années. A tel point que, maintenant, j’ai parfois honte de dire que je suis aussi actrice ! (Rires)
On espère d’ailleurs vous revoir aussi au cinéma.
J.A. Je joue une tueuse qui va à des réunions de tueurs anonymes dans Killers Anonymous de Martin Owen, qui devrait sortir cette année et m’a permis de donner la réplique au grand Gary Oldman. Encore un cadeau de la vie!
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