Bassam Azakir est président depuis 2018 de la maison Korloff, une des dernières maisons indépendantes de joaillerie française, qu’il a fortement rajeuni. Rencontre.
La saga de Korloff est intimement liée au diamant noir…
La légende a plus de 100 ans. A l’origine, un diamant brut de 204 carats, gros comme un œuf de caille, qui appartenait à une famille de la noblesse de Saint-Pétersbourg, les Korloff-Sapojnikoff, cousins du tsar Nicolas II. En 1917, ils ont fui la révolution russe pour venir en Europe. La pierre a été vendue plusieurs fois, jusqu’à finir dans les années 1970 entre les mains de nos partenaires diamantaires. A cette époque, Daniel Paillasseur, le fondateur de la maison, était négociant en diamants. Il a fait tailler cette pierre exceptionnelle en 88 carats et 57 facettes. Cela a duré 18 mois. Le diamant est devenu le capital et l’élément fondateur de la maison.
Vous possédez toujours ce diamant ?
Absolument ! C’est notre signature, le cœur et l’âme de la maison. Un gage de prospérité et de bonheur. Nous le montrons rarement, car il faut garder le mystère pour entretenir la légende. Dès septembre, chaque bijou Korloff sera orné à l’intérieur d’un petit diamant noir, comme une signature.
Le diamant reste au cœur de votre expertise ?
Notre héritage de diamantaire et son savoir-faire sont essentiels. Nous sommes une des rares maisons à avoir nos propres tailles de diamant. Nous en avons développé deux avec nos partenaires anversois : une taille ronde de 88 facettes, clin d’œil aux 88 carats du diamant noir, et une octogonale de 73 facettes. L’éclat et la brillance sont exceptionnels et se voient à l’œil nu.
Que pensez-vous du diamant de synthèse ?
Pour moi, rien ne remplace l’histoire d’un diamant formé pendant des siècles dans les entrailles de la Terre. C’est le symbole de l’attachement entre deux personnes et de la solidité de leur relation. Rien de plus dur qu’un diamant, il n’y a qu’un diamant qui peut casser un diamant !
Vous avez un studio de design, mais vous choisissez les thèmes. Quel sera le prochain ?
Les voyages. J’ai déjà fait 45 fois le tour du monde. Je suis d’origine libanaise. Du fin fond de la Chine au fin fond de l’Australie, l’histoire de ma vie est faite de rencontres.
Quelles sont vos ambitions ?
J’ai gardé l’héritage des diamants et des couleurs, j’ai changé tout le reste. J’ai rajeuni la maison, les équipes, les collections, l’image, le logo… J’ai remplacé la laque par des pierres de couleurs et attiré une cliente plus jeune. La maison est 100 % française et a toujours fait rayonner le savoir-faire français. C’est une des rares maisons qui est encore indépendante avec un éventail complet : diamant, joaillerie, horlogerie, accessoires et parfum. Et une maison de notre taille qui fait de la haute joaillerie, c’est encore plus rare !
Propos recueillis par Anne Delalandre
Korloff
20 rue de la Paix, Paris Ier
www.korloff.com
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