« Dis moi comment tu marches, je te dirai qui tu es. »
La chaussure, par sa diversité, fascine. De la tong dont l’utilisation remonte au IVe millénaire avant notre ère aux sneakers qui envahissent les trottoirs du monde entier, il y a de quoi faire. On pourrait y ajouter les mules, les chaussons et autres poulaines médiévales sans épuiser le sujet, et on n’a encore rien dit des bottes de sept lieues, des talonnières ailées du dieu Hermès, ni de la pantoufle de vair malheureusement perdue par Cendrillon. Passons aussi sous silence les innombrables appellations qui désignent cet auguste objet ; souvenons-nous seulement de l’increvable pompe et du croquenot avachi. Complétons avec certaines versions plus décoratives qu’utilitaires, à l’exemple des souliers minuscules (sup)portés par Marie-Antoinette à la fin du XVIIIe siècle. Bref, la liste est intarissable et permet de jouer sans retenue avec toutes les variations existantes de par le globe. Au lieu de se livrer à une simple addition de modèles aussi ébouriffants les uns que les autres, la bonne idée consiste à envisager cette vertigineuse exposition de semelles à partir de la marche. Effectivement, la démarche est aussi individuelle qu’il y a d’individu chaussé, et, de plus, on ne navigue pas de la même manière avec des brodequins militaires ou perchée sur des escarpins, sans parler des sols boueux ou uniformes qui rendent le déplacement pénible ou léger selon l’humeur ou la pente à gravir. On parle alors de port et d’allure, il suffit de penser aux claquettes, et on aura un aperçu tonique de cette présentation qui suit de près le pied sans botter en touche.
Bertrand Raison.
Musée des Arts Décoratifs.
Marche et démarche. Une histoire de la chaussure.
107 rue de Rivoli, Paris Ier. Jusqu’au 23 février 2020.
#marchetetdemarche_mad