Un hôtel particulier dans le très chic VIIe arrondissement de Paris et un autre à Londres, deux immenses maisons d’architecte sur les collines de Los Angeles, un appartement à Moscou, un hôtel 5 étoiles toujours à Londres, un flagship avec son restaurant pour un distributeur haut de gamme de vins et spiritueux à Paris, un jet privé et même une bouteille de vin: Pierre Yovanovitch, 54 ans, sillonne le monde, posant sa patte si recherchée sur l’architecture et la décoration de magnifiques lieux, meubles et objets.
«Je suppose que mon approche est, à bien des égards, typiquement française, dans la mesure où je suis très attaché à l’artisanat et à la préservation de l’histoire», estime celui que la presse spécialisée tient pour le représentant d’un nouveau Made in France. «Je pense que ce Made in France se résume à une certaine élégance, avec une attention sans compromis à la qualité. Ces deux caractéristiques sont ce que j’ai l’impression d’avoir gardé comme ligne de fond pour chacun de mes projets et qui est devenu ma signature.»
Une French touch faite d’harmonie des volumes et de lignes tendues conférant force et sobriété à l’architecture de celui qui fut assistant de Pierre Cardin avant de se lancer en 2001 dans la décoration d’intérieur. «L’artisanat et les matériaux sont au cœur de tous mes projets, poursuit Pierre Yovanovitch. Que ce soit dans mes projets d’intérieur ou dans mes meubles, je pense que la clé pour créer un travail singulier est de porter une attention particulière à chaque détail.»
Pour mieux saisir le travail de l’artiste, on se plongera dans sa première monographie, publiée en 2019 par les Editions Rizzoli New York, ou l’on ira visiter le restaurant Hélène Darroze at the Connaught à Londres, ou encore l’hôtel Le Coucou à Méribel. On y constatera l’importance de l’art. «L’art est ce qui fait vivre un lieu, dit celui qui a aussi réalisé le siège pari- sien du groupe Kering, fondé par François Pinault, grand collectionneur d’art. Les œuvres d’art interagissent avec l’architecture, le décor et entrent ainsi en résonance. En tant que collectionneur d’art contemporain, je ne conçois pas un projet d’architecture intérieure sans art.»
En guise de conclusion, quel conseil donnerait-il à un jeune ? «Pour réussir dans la décoration, il faut d’abord avoir un œil. Pour le construire, il faut se nourrir d’histoire, de références, de culture, de voyages. Ensuite, il faut de l’instinct. Je dirais à un jeune : fuis la mode et cultive ce qui te semble singulier, prends des risques pour essayer de faire quelque chose de résolument nouveau. Enfin, travaille, beaucoup !»
Propos recueillis par Philippe Latil.
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