En 2004, Laurence Simoncini se lançait dans l’aventure Serendipity, avec le projet de bousculer l’univers de la chambre d’enfant. Elle y proposait, en précurseur, une sélection très personnelle mixant le vintage et le design. En quelques années, la boutique est devenue le temple de la décoration et du design pour enfants à Paris. Aujourd’hui, en plein cœur du Marais, dans la cour d’un ancien hôtel particulier du XVIIe, elle ouvre ce qui est à a fois une galerie et son bureau de décoration d’intérieur : LSd.
Comment passe-t-on de l’univers des enfants à la déco en général ?
Depuis Serendipity, les «heureux hasards» dessinent un chemin. A l’époque, mes enfants étaient petits, j’avais envie de choses pour leur chambre que je ne trouvais nulle part… Aujourd’hui, ils sont grands, j’ai décoré de nombreux appartements, des maisons. Ça s’est fait très naturellement.
Comment abordez-vous la déco ?
Faire de la déco, c’est ma drogue, ma seule addiction. Je prends autant de plaisir à m’occuper d’une chambre d’étudiant, avec un budget serré, que d’une maison immense à Ramatuelle avec un crédit illimité. Ce qui me plaît, c’est le dialogue entre les objets, fouiner, sélectionner, trouver deux pièces qui se parlent, deux nuances qui se répondent. Je n’aime pas mettre deux belles pièces côte à côte. Elles s’an- nulent l’une l’autre. C’est cet équilibre-là qu’il faut trouver. Pour moi, il s’agit de raconter une histoire. Une histoire qui correspond à chaque personne qui habitera le lieu.
Pourtant, vous avez un style très marqué…
Je déteste les tendances, ce sont des diktats et ça ne veut rien dire. Chacun a ses préférences. Et, en général, quand tout le monde reprend une tendance, ceux qui l’ont lancée passent à autre chose. Je préfère privilégier un choix affectif et intime. C’est ce qu’on appelle un style. Si les gens viennent vers moi, c’est qu’ils aiment ce que je fais.
Comment décririez-vous votre style ?
Intemporel. Sobre. Organique. Les matériaux bruts, les matières naturelles, texturées… Je n’aime pas les murs blancs. Pour moi, le blanc, c’est l’avant, c’est l’apprêt. Je choisis presque toujours la couleur, y compris au plafond. C’est comme un écrin. Une coquille qui vous enveloppe vous rend serein. J’adore le «blert», cette sorte de bleu-vert très profond.
Pour la partie galerie, comment faites-vous votre sélection ?
Je travaille pour avoir un maximum d’objets et de mobilier qu’on voit ici et pas ailleurs. Si ça me parle, c’est OK. J’ouvre ma porte à des créateurs, des créatrices, des exclusivités, des rééditions, des pièces uniques, des séries limitées, des pièces fortes et rares, que j’ai chinées ou que j’ai découvertes chez des designers, de l’artisanat contemporain… Ici, j’accueille tout ce qui me plaît. Des gens qui aiment le lieu, qui ont envie d’y ajouter leur touche. Des univers qui matchent.
Propos recueillis par Ellen Willer.
Galerie LSd.
5 rue Aubriot, Paris IVe.