Besoin d’une nouvelle playlist ? Que vous soyez plutôt musique classique, électro ou pop rétro-futuriste, voici les trois albums à ne surtout pas manquer en ce début de printemps.
L’incontournable : Cascadeur
Il y a dix ans, assidu au piano depuis ses huit ans, Alexandre Longo pensait ne jamais réussir dans la musique. Malgré trois albums autoproduits, des collaborations à la pelle avec des formations locales, son mélange de classique et d’électronique et sa voix haut perchée irrésistiblement troublante, il semblait n’intéresser personne. Mais le destin est capricieux : enfin repéré via le tremplin CQFD des Inrocks en 2008 et signé sur le mythique label Casablanca, The Human Octopus, son premier album, collection de morceaux tirés de ses anciens disques autoproduits, tout en installant l’univers fragile et singulier de Cascadeur, fut l’étincelle nécessaire à un démarrage en fanfare. Gagnant des Victoires de la musique en 2015, Cascadeur a depuis sorti trois albums couronnés de succès, signé de la musique pour le cinéma et la télé, chanté l’incroyable Collector en duo avec Christophe et imposé son personnage scénique : une combinaison de motard surmontée d’un casque blanc frappé d’une étoile rouge, le visage parfois caché d’un masque comme ceux que portent les catcheurs mexicains. Pour Revenant, son quatrième album mûri longuement et patiemment, Cascadeur a changé d’échelle, sorti les orchestrations qui se déploient majestueusement, caressé son goût pour la mélancolie dans le sens du poil, sorti le grand piano, invité des chœurs d’enfants. Mais surtout adopté le français sur la plupart des titres, lui qui ne chantait qu’en anglais, offrant une nouvelle dimension à sa voix fascinante, aiguë et fragile, qui fait penser à celle de François & The Atlas Mountains, Christophe ou Antony Hegarty. Évoquant des références éparses, actuelles comme old school, de Bon Iver à Talk Talk en passant par James Blake, le frissonnant The Revenant marque le retour en beauté de Cascadeur.
Metronomy
On ne présente plus Metronomy. Depuis The English Riviera en 2011 les Anglais, menés par le prodige Joseph Mount, ont imposé leur pop rétro-futuriste dorée au soleil de Californie, mélangeant rock, pop et électronique, boîtes à rythmes et guitares, dans un même élan hédoniste et mélancolique. Véritable chef d’orchestre et travailleur acharné, multipliant l’écriture pour d’autres (Robyn, Jessie Ware, Diplo et même Marion Cotillard) ou les side-projects (comme Posse, où il invite la crème des jeunes talents), Joseph Mount a trouvé le temps de finaliser Small World, un septième album de pop facile à chantonner, comme le déclare le principal intéressé : «Je me suis souvenu quand, enfant, j’étais assis sur la banquette arrière de la voiture de mes parents et qu’ils jouaient leur musique et que je me disais “c’est horrible”, mais en même temps il y avait toujours une ou deux chansons que j’aimais bien. J’ai pensé que ce serait amusant de faire ce genre d’album avec des titres que les enfants pourraient aimer.» Retrouvant le délicat équilibre entre pop bubble-gum et expérimentations soniques qui faisait tout le charme du groupe à ses débuts, Small World, avec ses paroles sur le sens de la vie et ses neuf titres faciles et décomplexés, nous réconcilie avec Metronomy, qui tournait légèrement en rond ces derniers temps.
Vitalic
Voilà plus de vingt ans déjà que le producteur dijonnais, fer de lance de la vague électroclash qui a secoué les années 2000 avec des titres comme La Rock 01 ou My Friend Dario, s’est imposé comme un des meilleurs producteurs issus de la French touch avec sa disco noire et survoltée et ses lives fulgurants en forme d’overdose de stroboscopes et de décibels. Alors qu’il devait fêter l’anniversaire de ses vingt ans de carrière fin 2020 en direct de Bercy avec un best of de sa carrière et des tubes qui nous ont transportés sur le dancefloor, rattrapé par l’épidémie de Covid et les confinements successifs, Vitalic a préféré passer ses nerfs sur Dissidænce. Un double album où il revient aux fondamentaux de ses débuts, et sa techno brute, énervée et revêche, parfaite comme bande-son des nombreuses raves illégales qui poussent comme des champignons tous les week-ends. Mélange de turbines électros, de transe sous speed et de balades synthétiques, Dissidænce, ses deux volumes et ses 15 titres transpirants et électriques, est une impeccable machine à danser à laquelle il est difficile de résister.
Patrick Thévenin
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