Avec des fils de laine ou de coton, des tissages ou des broderies, Aurélie Mathigot illumine des images. Qui, de simples photographies, se transforment en objets poétiques. Elle donne à voir de belles images hybrides, mi-photographies, mi-tapisseries, des images mises en relief, enrichies, augmentées, devenues des objets d’art.
Aurélie Mathigot est une artiste plasticienne née en 1978. Une photographe formée aux Beaux-Arts d’Aix-en-Provence, qui cherche à «approfondir» les images, en enrichissant leur structure, soulignant des formes, isolant des signes, valorisant des matières. Elle tisse ou brode, à la main ou à la machine, des parties de l’image imprimées sur des toiles de peintre : apparaissent des reliefs textiles qui soulignent des tracés, des couleurs, des teintes et inventent des formes neuves, plus colorées, plus floues, presque abstraites parfois.
«Je voulais donner de la texture, dit-elle. Du relief à mes images, comme si je crayonnais certaines surfaces de la photographie. J’utilise la broderie plus comme un crayon que comme une technique. Le fait d’imprimer sur un canevas de peintre est à la fois une nécessité technique pour tendre la broderie, mais aussi pour dérouter le spectateur. La photo est plus du référent papier que textile et la remettre sur un châssis la conduit aussi dans le registre de la picturalité. Les fils apportent de la matière : on ne sait pas au premier regard si ces volumes sont en avant de l’image ou en profondeur de celle-ci. Cela ajoute de la force dans la représentation et de la poésie dans la thématique. J’apprécie beaucoup la notion de trompe-l’œil, d’inattendu. La matière est ma passion. Tout est matière sur cette planète : le vide entre deux personnes, la peau que l’on caresse, le son que l’on produit, les vibrations d’une image, le reflet dans l’eau, le textile. Cela fait comprendre que l’on est toutes et tous issus d’une même origine.»
Claude Maggiori
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