Géraldine Gonzalez crée des objets de lumière, toutes sortes d’objets, des chaises et des échelles, des balançoires et… des lustres en forme de méduses. Des sculptures de cristal «éclairées de l’intérieur», comme elle dit, véritables bijoux, décalés et poétiques, élégants et raffinés. Rencontre dans son atelier parisien.
Vous avez fait une formation textile à l’Ecole Duperré, puis travaillé comme styliste chaussure, vous avez façonné le papier, la nacre… Pourquoi aujourd’hui se consacrer à la sculpture et plus particulièrement au cristal ?
Géraldine Gonzalez. Mon travail de styliste était déjà pour moi un travail de sculpture, c’est un travail de création, il faut choisir les bonnes matières, le toucher est important. C’est en 2006 que la maison Baccarat m’a permis, pour la première fois, de travailler avec le cristal. J’ai été sélectionnée pour une exposition intitulée «Femmes de lumière». Nous étions dix créatrices à avoir carte blanche avec un stock de cristaux mis à disposition. Cette commande a été une véritable révélation dans ma vie. Le cristal est un matériau qui m’a énormément inspirée et dans lequel je me suis retrouvée. Il donne un aspect très minéral à mes sculptures. Ces pièces uniques revêtues de pierres précieuses… nous plongent dans un monde féerique.
Comment choisissez-vous les objets que vous allez bâtir en cristal ?
A travers des rêves, des visions… je puise également mon inspiration dans ma maison en Normandie entourée par la nature,
la végétation, les falaises et l’océan.
Pour vous, est-ce l’objet ou la lumière le plus important ?
Mais l’un ne va pas sans l’autre ! C’est la lumière qui fait vivre les objets. Mes sculptures sont comme éclairées de l’intérieur.
Voulez-vous créer de la poésie ou simplement des objets étonnants ?
Je cherche à créer des objets étonnants mais qui ont une signification pour moi. La poésie est quelque chose qui me touche et qui se crée lors de la conception, lorsque les matières se juxtaposent. Ce sont comme des pièces de joaillerie qui racontent leur histoire, que chacun peut s’approprier. Par exemple, la chaise retournée en cristal fait référence aux chaises de Napoléon III : les «chaises volantes». C’est une façon poétique pour moi de m’exprimer de voir que le monde se renverse. La matière donne une certaine fragilité à mes œuvres et apporte cette préciosité.
Vos objets ne sont pas utilisables… ce sont uniquement des sculptures de lumière ?
Ils sont utilisables ! Ils prennent vie dans différents lieux, des hôtels, chez des particuliers. Les méduses ont été commandées pour les bureaux de la Fondation Michelangelo, sur le lac Léman à Genève, l’ours polaire est dans
l’appartement d’un client à New York…
Quelle est votre œuvre préférée ?
C’est difficile, cela change en fonction des moments. Je vis avec mes méduses, je les apprécie beaucoup. Je dois avouer que j’aime particulièrement l’ours polaire. C’est un animal majestueux amené à disparaître. Il vit grâce à la lumière qui fait rayonner sa fourrure, elle change de couleur au fil de la journée.
Vous habillez également les vitrines de la Maison Guerlain pour les fêtes de fin d’année ?
C’est un projet qui m’a demandé beaucoup de temps, j’ai travaillé pour 27 vitrines, à Paris, Bruxelles et en Asie. Imaginer les vitrines pour la Maison Guerlain est toujours un moment d’émotion pour moi, l’occasion d’exprimer un univers de luxe, de magie et de poésie. La lumière, les reflets, la transparence, la légèreté sont les fils conducteurs de mon travail. L’abeille, symbole précieux, m’inspire, tout comme les parfums et leur histoire. J’ai créé la vitrine comme un grand bijou, l’idée est d’offrir une bulle de poésie et de rêve à tous.
Quels sont vos projets ?
J’aimerais beaucoup avoir une exposition de photographies en collaboration avec une amie photographe. Pour montrer mes œuvres photographiées à travers des mises en scène, la balançoire en cristal dans la forêt, l’échelle en haut d’une falaise…
Propos recueillis par Pauline Trefzer
Photographies par Géraldine Gonzalez
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