Musique alternative exaltante, pop dansante, opus intimiste et poétique autour du concept de méchanceté… voici notre sélection des derniers albums à écouter sans plus attendre.
Oliver Sim
En une quinzaine d’années, le trio londonien The XX aura profondément marqué la pop anglaise avec trois albums devenus des classiques et leur mélange minimaliste de house, de new wave et de dubstep hanté de voix hantées et de mélodies éthérées. Malgré un succès phénoménal, les trois membres du groupe (Romy Madley Croft, Oliver Sim et Jamie xx) n’ont jamais caché leurs envies de projets solo. Dans la foulée de Jamie xx, qui s’est imposé comme un des producteurs les plus doués de la nouvelle scène UK, et de Romy, qui s’essaie désormais à la house, c’est au tour d’Oliver Sim de se lancer. Hideous, le morceau qui ouvre son premier album, petite perle lacrymale où le chanteur révèle sa séropositivité découverte à l’âge de 17 ans et portée par les chœurs frissonnants de Jimmy Somerville, annonce la couleur des neuf titres qui suivent entre exaltation et chagrin universel et intime. L’album se dévoile au fil des écoutes comme une confession, peuplé de démons et d’addictions qui explosent, résilience oblige, en une douce mélancolie dansante et addictive.
Oliver Sim, Hideous Bastard (XL Records), sortie le 9 septembre
Hot Chip
On ne présente plus le groupe anglais (emmené par les deux têtes pensantes et producteurs Alexis Taylor et Joe Goddard) qui, un pied dans la pop et l’autre dans la dance, s’est imposé comme une véritable machine à danser. Avec Freakout/Release, leur huitième album, enregistré au sortir du Covid, qui suinte la joie de vivre et de se retrouver, Hot Chip se réconcilie avec l’énergie, la naïveté et l’enthousiasme de ses débuts avec dix titres qui alternent paysages romantiques et bombes dancefloor. Un hédonisme curieusement balancé par des paroles sombres qui évoquent pêle-mêle la résilience, l’isolement, le racisme ou la misogynie, comme si Freakout/Release se voulait une sorte d’antidote dansante à la déprime ambiante. Comme l’explique Alexis Taylor : «C’est un album qui puise dans toute cette énergie refoulée et ce besoin d’évasion, qui tente de se saisir de toute cette anxiété et cette agitation pour les transformer en émotions positives. Nous voulions capturer ce sentiment vertigineux et libérer toute cette tension accumulée.»
Hot Chip, Freakout/Release (Domino)
Perez
Jeune compositeur, producteur, musicien et chanteur, Julien Perez ne fait rien comme tout le monde. Et s’est imposé avec le temps comme l’artiste le plus singulier de la scène française, avec son univers entre pop et club, variété et expérimentation, chanson française et électro. Rex, sa dernière livraison – sorte de double négatif de son dernier album, le fantastique Surex –, est à la fois construit comme la bande originale de l’exposition «Arder-Havir» au centre d’art contemporain Micro Onde à Vélizy et comme une exploration musicale autour du concept de méchanceté, inspiré de films comme La Nuit du chasseur ou Joker. Disque plus intimiste que les précédents, où Perez, pour la première fois, s’ouvre à l’acoustique, violons et piano en tête de liste, Rex est une collection de chansons cinglantes, cruelles et vénéneuses, aux paroles affûtées comme un rasoir, où le prodige français livre une nouvelle facette de son talent kaléidoscopique, tout en confirmant son statut d’outsider merveilleux de la pop française.
Rex (Etoile Distante)
Patrick Thévenin
Photographie principale : Hot Chip
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