Une plongée dans l’univers disco des années 70, ambiance rave du début des années 90 ou pop chantée et turbines dancefloor… voici les trois albums du moment à écouter en boucle.
Cerrone by Cerrone
A 70 ans, après avoir modelé le son de la période disco, mouchetée de paillettes et de virées nocturnes, avec des tubes devenus incontournables comme Love in C Minor, Supernature, Gimme Love ou Je suis music, le musicien et producteur français Marc Cerrone n’aura jamais aussi bien porté son surnom de «Roi du disco». Revenu à la production dans les années 2000 par l’engouement que lui prêtent des DJ comme Bob Sinclar ou David Guetta, la musique de Cerrone n’en finit pas de nourrir la dance music moderne et la psyché collective. Le réalisateur Gaspar Noé a immortalisé le morceau Supernature dans une des plus belles scènes du film Climax, la dernière publicité signée Gucci roule en Cerrone et le meilleur producteur anglais du moment, Jamie xx, sample le maître avec révérence. Se produisant dans les meilleurs festivals du monde entier, où il rejoue son répertoire devant des kids médusés, à l’aise comme un poisson dans l’eau dans le revival disco actuel qui court de Dua Lipa à Clara Luciani, de Juliette Armanet à Beyoncé, Cerrone a eu la bonne idée de rejouer ses plus grands tubes, qu’il adapte avec soin aux sonorités actuelles, tout en les faisant rechanter par Brendan Reilly, un des vocalistes du groupe anglais Disclosure, à la voix de velours. Mixé comme un set de DJ, Cerrone by Cerrone est une plongée hédoniste, dansante et en sueur, en 18 titres, dans l’univers du «King of disco» des années 1970 à aujourd’hui. Et Dieu que ça fait du bien !
«Cerrone by Cerrone» (Malligator / Because Music).
Daniel Avery
Autant le dire tout de suite, l’Anglais Daniel Avery, en une poignée d’années, s’est imposé comme un des producteurs et DJ les plus fascinants et talentueux de la scène électronique. Avec une techno puissante et suante, physique et mélodique, qui puise à la source du genre, c’est-à-dire Detroit, mais revisitée avec cette magie très anglaise transformant tout ce qu’elle touche. Ultra-prolifique, entre ses albums solo et ses collaborations multiples, et fort de déjà cinq longs formats de haute tenue alternant techno vibrante et ambient apaisé, Avery est de retour avec Ultra Faith. Un de ses meilleurs albums à ce jour, rempli de featurings de haut vol (HAAi, Sherelle, Marie Davidson ou Kelly Lee Owens, soit le gratin de la techno contemporaine), conçu comme un disque d’exaltation pure qui sent la rave à plein nez, les corps déchaînés dans des entrepôts désaffectés, la communion des âmes sous les rythmiques jungle et l’énergie brute du début des années 1990, quand la jeunesse anglaise expérimentait son second Summer of Love perdue au milieu de nulle part dans les free parties qui essaimaient la Perfide Albion au grand dam de Margaret Thatcher.
«Ultra Faith» (Phantasy).
Zimmer
Depuis une dizaine d’années, ce jeune DJ et producteur français originaire d’Annecy, initié au monde du clubbing à l’époque où le Social Club était le terrain d’ébullition de toute la nouvelle scène française (Justice, Yuksek, Gesaffelstein, Brodinski), n’en finit pas de monter. Fort d’un premier album – Zimmer –, sorti en 2019, où le producteur mettait en place son univers électronique doux et sensuel, peuplé d’ambiances cinématographiques et d’invitations sensuelles à danser, fidèle à sa devise hédoniste de donner du plaisir aux gens. DJ reconnu qui tourne tout autour du monde, Zimmer, après avoir rongé son frein pendant la pandémie de Covid, sort un deuxième album plus ambitieux, pop et chanté, riche en featurings de choix (Antoine Lang, The Undercover Dream Lovers, Amo Amo). Portant merveilleusement son nom, Amour, qui alterne turbines dancefloor, invitations à rêver et petits bijoux de pop ciselés, est la confirmation en beauté qu’il faudra désormais compter avec Zimmer.
«Amour» (Roche Music).
Patrick Thévenin
Photographie principale : Zimmer par Camille Demouge
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