Impossible d’y échapper : les massifs de fleurs multicolores surplombant les brasseries parisiennes éclosent à tous les coins de rue. Leur maître d’œuvre ? Luc Deschamps, fleuriste parisien au nom prédestiné.
«Je suis né dans les fleurs : mes parents étaient fleuristes, ma grand-mère travaillait pour la maison Trousselier, renommée pour ses fleurs de soie.» Une carrière toute tracée pour le fleuriste de quartier. C’était sans compter les envies de grandeur du personnage. L’expression de sa fantaisie se manifeste dès 1985 à travers la «boîte à chapeaux garnie de bouquets ronds». «J’avais à cœur de me faire connaître à travers des packagings originaux», explique l’artiste. Pari réussi. Dix ans plus tard, Luc Deschamps devient le fleuriste attitré de la maison Dior. «Travailler la fleur d’une manière luxueuse, purifier la conception des bouquets, rendre visuellement parfaite une nature imparfaite» : tout un art.
Mais, parfois, de la simplification à l’exubérance, il n’y a qu’un pas. Que Luc Deschamps va allègrement franchir ! Après avoir pris en charge la décoration florale d’événements à l’Opéra Garnier ou au Petit Palais, l’aventure des façades fleuries démarre il y a sept ans. Une inspiration new-yorkaise conjuguée à la demande du restaurant La Maison Sauvage, rue de Buci, conduisent Luc Deschamps à poser ses premières créations de branches et lianes naturelles ornées de fleurs artificielles en tissu. «Il s’agissait de faire comme si la nature avait enseveli le lieu, explique-t-il. A peine le décor posé, tous les passants s’arrêtaient et prenaient des photos. On venait de faire du street art floral en plein Paris.» Fort de cette première création, Luc Deschamps décide d’en faire sa signature en ornant sa propre boutique du XVIIe. Une visibilité accrue qui lui vaut quelques clients supplémentaires… avant l’avalanche !
Désormais, le fleuriste gère une commande de façade par jour, à Paris comme en province, pour des brasseries essentiellement, mais aussi de grandes enseignes… tous friands d’attirer une nouvelle clientèle grâce à un décor “instagrammable”. «On est tous des abeilles, on va tous vers les fleurs, résume Luc Deschamps pour expliquer la réussite de sa méthode. Mes clients sont hyper sages quand ils viennent me voir, mais il ne faut pas faire les choses à moitié. J’impose le volume, car c’est l’opulence qui fait le buzz !»
Alexandra Apikian
Photographie principale : © Luc Deschamps
A lire aussi : Karine Glustin: «Nous sommes une galerie de partage»