Elle vient de chanter son premier Carmen, mis en scène à l’Opéra de Zurich. «Carmen va être un de mes rôles signature», confie Marina Viotti, enfin prête à retrouver chaque année l’héroïne de Bizet sur les plus grandes scènes lyriques.
Née dans une famille de musiciens, le chemin vers l’opéra n’a pas été simple pour cette mezzo-soprano franco-suisse d’ascendance italienne, sacrée l’an passé artiste lyrique aux Victoires de la musique classique. Lorsque son père, le maestro Marcello Viotti, décède subitement, Marina a 18 ans. Un long deuil commence. Elle se tourne alors vers la philosophie et la littérature, tout en se produisant avec le groupe de metal Soulmaker. La magie de l’opéra qui opérait dans son enfance la foudroie à nouveau lors d’une représentation de Simon Boccanegra, de Verdi, à l’Opéra de Vienne. A 25 ans, elle étudie enfin le chant lyrique, à Vienne, puis à Lausanne et Barcelone. De ses premiers pas sur scène en Suisse à son inoubliable Périchole sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, elle accomplit un sans-faute avec une rare aisance scénique et un timbre lumineux qui fait merveille.
Les prises de rôle s’enchaînent à vive allure : La Cenerentola de Rossini et Carmen cette saison, Charlotte du Wertherde Massenet et Octavian du Chevalier à la rose de Richard Strauss l’an prochain, deux rôles romantiques sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées. «J’adore explorer de nouveaux répertoires. La versatilité et l’éclectisme, ce sont mes deux chevaux de bataille. J’ai un plaisir fou à chanter Carmen, mais j’adore Offenbach, Rossini, parce que j’aime faire rire. J’ai une prédisposition à la comédie, même si je m’oriente tout doucement vers les tragédies.» Dans L’Olimpiade de Vivaldi, elle incarne Megacle, un homme au coeur d’un triangle amoureux qui gagne les Jeux olympiques par amitié pour Licida, interprété par le contre-ténor et roi du breakdance Jakub Józef Orlinski. Après un hommage à Pauline Viardot et des enregistrements de mélodies et de chansons, son nouvel album, Mezzo Mozart, est entièrement consacré à Mozart, de l’opéra à la musique sacrée. «Avec Stephan MacLeod, j’ai essayé de faire le parcours possible d’une voix de mezzo chez Mozart, à la fois dans des tessitures aiguës et très graves.»
«Faust» de Gounod, du 26 septembre au 18 octobre à l’Opéra Bastille.
Album «Mezzo Mozart» (Aparté).
Alice De Chirac