Elle a fait de sa passion pour l’industrie de la mode et de la joaillerie un métier. Il y a quatre ans, Muriel Piaser lançait le salon Precious Room by Muriel Piaser, mettant son enthousiasme et son expertise au service des marques de joaillerie fine.
Ton parcours avant Precious Room ?
Muriel Piaser. J’ai commencé dans la communication chez Jean Paul Gaultier et Jean-Charles de Castelbajac, avant d’intégrer les salons professionnels, le Who’s Next et la Fédération du prêt-à-porter féminin. Puis, j’ai créé le salon The Box, qui m’a donné le goût du bijou et permis de révéler des talents comme Jacquie Aiche, Ginette NY, Celine Daoust…J’aime prendre des risques, j’ai toujours été précurseuse pour créer des événements et des concepts. Alors, j’ai créé Precious Room, mon propre salon.
C’est quoi, Precious Room ?
Un rendez-vous deux fois par an, pendant la haute couture, qui regroupe 35 marques françaises et internationales de bijoux précieux, de joaillerie fine et d’avant-garde. L’idée est de mixer les marques établies ou qui se relancent, comme Vever, à de nouveaux talents, comme Mazarin ou encore des marques confirmées à l’étranger qui cherchent à se faire connaître à Paris, comme Stephen Webster. Je réunis des acheteurs, de la presse, des influenceurs et des prescripteurs.
Sur quels critères sélectionnes-tu les marques ?
J’aime celles qui sont incarnées par le créateur ou la créatrice, avec une identité marquée, un storytelling et des valeurs. C’est l’histoire avant tout qui m’intéresse. Et sentir une émotion. Je suis perçue comme un incubateur. Chaque saison, mon challenge, c’est dénicher et montrer les nouveaux talents. J’ai aussi une mission de conseil. Je suis un accélérateur de business et de mise en relation. Je travaille comme un magazine de mode, ou comme un concept store : il faut réussir à montrer dans une vitrine, en très peu de temps, l’univers d’une marque.
Les coups de cœur du dernier salon ?
J’étais fière de révéler Copin, une marque avec un fort héritage, relancée et totalement remodelée, Mysteryjoy et Bijules, une marque incroyable de bijoux de mains et d’ongles.
L’industrie du bijou est-elle en forte mutation ?
Oui, le développement est désormais “phygital”, en boutique et sur le digital, et c’est l’acte d’achat coup de cœur qui prime. Les marques ont compris l’importance de leur histoire et font passer des messages très forts : l’éthique, avec, entre autres, le diamant de synthèse, les circuits d’approvisionnement et de fabrication raccourcis, les valeurs d’héritage et d’artisanat…Le consommateur a besoin d’avoir des bijoux qui font du bien. C’est un discours que l’on entend chez Vever et chez Courbet. A l’instar de la fast fashion, il faut se positionner par rapport à la fast jewellery et la haute joaillerie. C’est ce que j’appelle la démocratisation de la joaillerie dans l’industrie de la mode. Aujourd’hui, comme en mode, on mixe la haute fantaisie avec de l’or. Il faut pouvoir donner accès aux bijoux, par le prix et par le style. Ce qui m’intéresse, c’est la différentiation, la personnalisation que peut apporter un bijou à une allure.
Quelle sera la tendance de la saison prochaine ?
Les grands bijoux reviennent, des bijoux “statement”, comme les colliers plastrons. On est moins dans le bijou fin en accumulation et on habille de nouvelles parties du corps. Le bijou devient un véritable accessoire de mode.
Comment vois-tu l’avenir de la joaillerie ?
Comme en mode, il y a beaucoup de créations de marque. Aujourd’hui, il faut sortir du lot, avec une notoriété, une proposition design forte et reconnaissable. Je suis un intermédiaire pour réaliser les objectifs.
Paris a-t-il une place importante dans l’industrie du bijou ?
Paris fait rayonner. C’est la capitale de la mode et de la création. Paris, c’est un label. Symbole d’héritage, de savoir-faire et d’élégance. Pour les étrangers, c’est magique !
Prochain salon les mardi 4 et mercredi 5 juillet 2023, Haute Joaillerie & Haute Couture Week
Palais Vivienne
36 rue Vivienne, Paris IIe
www.precious-room.com
Propos recueillis par Anne Delalandre
Photographie principale : Delphine Jouandeau
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