A 26 ans, Nadia Tereszkiewicz confirme brillamment ses talents d’actrice dans Les Amandiers, le film de Valéria Bruni Tedeschi. Un film intense sur une jeunesse pleine d’idéaux et de passions. Rencontre.
Vous vous destiniez à devenir danseuse, et vous êtes devenue l’actrice que tout le monde s’arrache…
Nadia Tereszkiewicz. Je suis née à Paris d’une mère finlandaise et d’un père polonais, et j’ai effectivement passé quinze ans en sport-étude de danse à Cannes. J’ai même intégré l’école du Ballet du Canada à 18 ans. C’était ma passion. Mais j’avais aussi envie de faire des études. J’ai donc fait une hypokhâgne et une khâgne au lycée Molière de Paris. J’y suivais une spécialité théâtre et j’ai été fascinée : j’ai senti que je pourrais y dire des choses que je ne pouvais pas exprimer dans la danse. Mais, comme je dansais en même temps dans des clips et des films pour payer mon loyer, j’ai découvert les tournages. J’ai intégré la classe libre du Cours Florent et j’ai tout de suite commencé à tourner dans Sauvages, de Dennis Berry, au Portugal.
Ce premier film a changé votre vie ?
Tout à fait. Dennis a cru en moi, il m’a fait voir plein de films et m’a intégrée a sa famille de cinéma. Roschdy Zem a également joué un rôle important en me proposant le premier rôle féminin de son film Persona non grata. Il me soutient toujours. Il y a eu Seules les bêtes, de Dominique Moll, pour lequel j’ai reçu le prix de la meilleure actrice au Festival international du film de Tokyo, ainsi qu’une pré-nomination aux César 2020 dans la catégorie du meilleur espoir féminin. C’est là que j’ai rencontré ceux qui sont devenus ma famille de cinéma d’aujourd’hui.
«Les Amandiers», c’est un peu votre histoire, en plus d’être celle de Valéria Bruni Tedeschi ?
Le film s’inspire de la vie de Valéria, mais elle a réussi à accéder à une résonance avec ma propre vie. Nous avions une énergie commune, elle savait ce qui allait me bouleverser, me faire rire. Et j’ai vraiment eu l’impression de faire partie d’une troupe. Elle sait transmettre, elle cherche des choses improbables, mais on a l’impression d’apprendre, avec elle. On perd le contrôle, mais c’est jouissif, addictif, et en même temps on accède à une profonde vérité émotionnelle. Valéria a changé ma vie émotionnellement. C’était aussi le credo de Patrice Chéreau : effacer les frontières entre la vie et le jeu.
Avec Sofiane Bennacer, vous formez un vrai couple de cinéma.
On a vécu quelque chose de très intense avec Sofiane : nous nous connections à nos personnages à n’importe quel moment, c’était très fort. On ne se voyait pas dans la vie, mais c’était comme si on était ensemble, vraiment. C’était assez dingue. Une dualité…
Avec plusieurs films à venir, vous ne quittez pas l’affiche en 2023 !
Oui, j’ai beaucoup de chance ! Il va y avoir Mon crime, de François Ozon, où je joue avec Isabelle Hupert, Fabrice Luchini et André Dussollier, Vazaha, de Robin Campillo, sur les années 1960 à Madagascar, La Dernière Reine, de Damien Ounouri, où je joue la reine d’Alger en 1500, et je tourne actuellement La Rosalie, de Stéphanie Di Giusto, où j’incarne la femme à barbe en 1890… J’ai l’impression que toute ma passion pour la littérature prend sens dans les films que je fais : je suis dans la littérature, je la vis, et c’est dingue !
Propos recueillis par Philippe Latil
Photographie principale par Fred Gervais-Dupuis
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