Directeur général de la maison Clarins, ce passionné de biologie a mis au service de la beauté sa rigueur et sa joie de vivre. Olivier Courtin-Clarins, fils du fondateur de la maison, a su avec succès développer des formules innovantes basées sur les plantes, la spécificité de la maison.
Dans la bibliothèque derrière vous, j’aperçois toute une série de photos encadrées…
Olivier Courtin-Clarins. Il y a mes enfants, mes trois filles, dont deux travaillent pour la société, mon frère, sa fille, mon père… la grande saga familiale !
Vous avez été chirurgien, puis, à la demande de votre père, vous avez créé un réseau de laboratoires de recherche fondamentale à travers le monde. Pour ensuite diriger le laboratoire de recherche de Clarins. Quelles sont aujourd’hui vos responsabilités ?
J’étais chirurgien orthopédique jusqu’en 1995. C’est formidable, j’ai eu deux vies professionnelles ! J’ai dirigé le laboratoire de recherche de Clarins, que je continue à suivre attentivement. Aujourd’hui, je suis directeur général, donc je m’occupe de tout ! La stratégie, le commercial… avec toujours un œil plus accentué sur la recherche des produits.
Quels sont les axes de recherche du laboratoire ?
Il ne travaille que sur la problématique de la peau et du tissu adipeux. Nous sommes 110 chercheurs. Nous collaborons avec des organismes extérieurs, des centres scientifiques universitaires, l’Inserm, le CNRS… en Europe, aux Etats-Unis, et même en Asie. Nous mettons au point des ingrédients qui aident la biologie de la peau à lutter contre le vieillissement, les tâches… Nous sommes essentiellement, par notre histoire, axés sur le visage, en particulier les anti-âge, et le reste du corps.
Quelle est votre formule la plus innovante ?
C’est le Double Serum, qui réunit les cinq fonctions vitales de la peau : l’hydratation, la nutrition, l’oxygénation, la régénération et la protection. Chaque femme ou homme en a une, deux, voire parfois les cinq, qui ne fonctionnent pas correctement. Il faudrait faire un diagnostic très complexe pour savoir laquelle est déficiente. Ce produit va compenser les cinq, donc forcément celle ou celles qui ne fonctionnent pas. C’est pour nous le produit le plus abouti, car il concerne toutes les femmes, tous les âges et toutes les ethnicités.
Vous avez inventé un nouveau contenant…
Oui, un double packaging, d’où son nom, pour avoir tous les éléments possibles, car certains sont solubles dans l’huile, d’autres dans l’eau. Mon père avait imaginé deux flacons ; nous les avons réunis.
Quel est le produit que vous rêvez de faire ?
Celui que je suis en train de faire ! On sait qu’il y a la génétique. Mais il y a autre chose : le pouvoir de changer les choses, en santé, bien sûr. Une façon de vivre, de s’entourer, de se nourrir, de méditer sur soi-même… qui permet d’éviter beaucoup de maladies : c’est ce qu’on appelle l’épigénétique. Quelque chose qui régit les gènes. C’est comme une partition de musique, que chacun peut interpréter de façon différente. Comme un interrupteur, les mauvaises habitudes peuvent fermer les bons gènes et en ouvrir de mauvais. Ce qui est intéressant, c’est que, contrairement à la génétique, les choses sont réversibles, et c’est vous qui pouvez les changer. C’est possible de trouver les modifications au niveau de la peau qui permettent à cette épigénétique de fonctionner au mieux pour garder une peau plus jeune, et j’espère y arriver !
La maison est aussi très engagée dans de nombreux projets, comme la Fondation Arthritis…
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie très invalidante, à majorité féminine. C’est un retour de Clarins vers les femmes. Annuellement, nous soutenons la recherche à hauteur de 2 millions. Il y a aussi des projets pour aider les enfants et la préservation de l’environnement. Nous voulons obtenir la certification B Corp, la plus exigeante au monde, qui englobe la gouvernance, les collaborateurs, la collectivité, l’environnement, le client, la transparence des produits. C’est une longue démarche, très difficile, parce qu’elle concerne tous nos fournisseurs et chacun des agriculteurs avec lesquels nous travaillons. Nous devons suivre la production de plus de 250 espèces, car nous devons avoir des assurances sur la traçabilité, la récolte, mais aussi, par exemple, être certains qu’elles n’engagent pas le travail des enfants.
La maison est très attentive au respect de la mixité…
Notre métier est très féminin. Nous employons plus de 83% de femmes dans le monde. Nous tenons à avoir un comex mixte, et, au niveau des actionnaires, nous sommes sept femmes et trois hommes. Nous ne sommes pas dans des quotas positifs d’ethnicité, car je n’y crois pas trop, mais on fait très attention à ne défavoriser personne.
Comment expliquez-vous l’image rassurante de la maison ?
La notion de respect est importante pour nous. Nous avons toujours essayé de faire des produits demandés, pas des produits marketing, d’où leurs noms bizarres : anti-eau, huile tonic, multi-active… de faire les meilleurs produits, efficaces, basés depuis toujours sur les plantes. C’est pour cela que Clarins a une image rassurante. Nous voulons être la référence pour le skincare dans le monde entier.
Utiliser un soin est un acte quotidien assez intime…
Oui, c’est un moment privilégié où la sensorialité est importante, le toucher, l’odorat. Nous travaillons beaucoup sur l’aromatique. Le bonheur et le plaisir font d’ailleurs partie de l’épigénétique.
C’est aussi le propos de vos livres Belle dans mes recettes et Belle dans mon assiette…
A chaque fois, je parle de plaisir, parce que la vie est belle et qu’il faut en profiter. Les moments de bonheur ne sont pas fréquents, il faut les chercher et en jouir. J’ai voulu faire des livres avec des dessins humoristiques, des recettes simples, rapides, qui sont bonnes pour la santé et la peau. Elles ont eu beaucoup de succès pendant le confinement.
Votre principal conseil ?
Bien se nettoyer la peau, le matin et le soir avant de dormir, avec un bon produit qui respecte le film hydro-lipidique et le microbiote cutané.
Et en diététique ?
Manger varié. Essentiellement végétarien. Pour lutter contre le stress oxydatif, qui provoque le vieillissement, il faut prendre des antioxydants, que l’on trouve dans les végétaux, et ils sont tous différents selon les végétaux. Nous avons la chance d’être dans un pays tempéré avec beaucoup de variétés de fruits et de légumes. Quand il y a beaucoup de couleurs dans votre assiette, vous êtes dans le vrai. Et du chocolat noir : c’est bon pour la santé !
Propos recueillis par Anne Delalandre
Photographie principale par Gonzalo Machado
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