Olivier Dassault expose à la Galerie W ses dernières créations : des photographies très personnelles, à la limite de l’abstraction qui étonnent par leur éclat et leur mystère. Dans le catalogue de l’exposition, l’artiste s’explique sur sa passion et sa technique.
«Ce qui m’importe, c’est qu’il y ait chaque fois une rencontre avec la lumière, qu’il se passe quelque chose de magique. C’est à partir de là que je peux imaginer ce que je vais en faire, grâce au principe de la surimpression qu’au fil des années j’ai appris à maîtriser, en prenant plusieurs photos sur le même film. J’ai fait beaucoup de superpositions avant de faire des surimpressions. La superposition consiste à mettre deux diapositives l’une sur l’autre en jouant sur la transparence et à faire ensuite une photo à partir de cette superposition. Avec cette technique, le noir l’emporte sur le blanc. Alors qu’à l’inverse, avec la surimpression, le blanc l’emporte sur le noir.
J’ai œuvré à chasser à travers l’objectif l’évidence pour déceler le caché, le non révélé. Pour franchir le seuil du visible. Il fallait annuler le temps et le réel pour les réinventer, et trouver des chemins, des lignes de fuite, des perspectives jusqu’à la forme, le motif inédits qui se trouvaient là, sur un reflet d’acier, l’encoignure d’une porte… La lumière qui se pose sur un objet, aussi anodin soit-il, se fait guide. Quand une image s’impose, je m’applique à la rendre vivante, je cherche le motif qui répond à la sensation. Tout déclic nécessite observation et réflexion mais je reste dans l’improvisation, sans mise en scène au préalable. Je me concentre tant sur des détails que sur de grandes architectures, auxquels j’apporte mon propre rythme, jouant des compressions, voire parfois des expansions. Réverbérations ou encore réfractions participent également pleinement de ce langage visuel, dont le cadre et l’angle constituent bien sûr les axes premiers.
En tant que photographe, je travaille depuis plus de quarante ans et j’ai cherché, partout où cela m’était possible, une représentation du monde, une esthétique personnelle, où mon histoire, ma culture et mon bagage culturel s’exprimaient: perpétuer une célébration, de la vie et d’une beauté essentielle, quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne, liée à la nécessité et au désir de créer.
A l’heure où nous traversons une crise terrible, d’une ampleur et d’une nature inédites, l’art me paraît aujourd’hui plus encore un moyen, sinon le moyen de reconsidérer notre monde, de réfléchir à son essence, d’en éprouver la vérité profonde qui nous aura échappée. Et de le faire ensemble. Me revient sans cesse, comme une discrète prière, ce mot de Dostoïevski: “L’art sauvera le monde.” C’est pourquoi partager une œuvre, échanger autour d’elle, offrir au regard ce que l’on aura éprouvé, proposer un dialogue d’émotions et de sentiments qui nous rassemble tous, autour de l’essentiel et de ce qui nous grandit: c’est ressentir la vie-même, sa vibration, l’ineffable. Cet invisible-là… cette rencontre sont indispensables.»
Portrait ©Victor Sainz Martin
Galerie W.
Perspectives. Olivier Dassault. Jusqu’au 27 septembre.
5 rue du Grenier Saint-Lazare, Paris IIIe.
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