Originaires d’Australie, les cinq garçons de Parcels réchauffent notre hiver avec un premier album gorgé de soleil, de riffs disco et d’invitation à la danse.
Il y a peu, en 2014, lors de leur formation, on n’aurait pas donné très cher de la peau de ce groupe de cinq garçons, la vingtaine à peine entamée, qui se sont rencontrés au lycée et qui, en grands fans des Beach Boys, de Gorillaz ou du groupe Phoenix, ont commencé à répéter et composer, comme beaucoup, dans leur garage. Et puis, après un premier EP, Clockscared, en forme de cinq titres, sorti indépendamment, et une poignée de concerts de rodage où maladroitement Parcels essayait de poser les bases de son futur son, les cinq garçons dans le vent décident de rejoindre le Vieux Continent et d’aller s’installer à Berlin, la mégalopole européenne où convergent tous les kids du monde entier, où les loyers sont bon marché, la population globale et la fête du soir au matin et du matin au soir, sans fin. «On a décidé de partir à Berlin sur un coup de tête avant même qu’il y ait le moindre intérêt d’un label ou la moindre hype autour de nous, rappelle le chanteur du groupe, Jules Crommelin, du haut de ses 23 ans. On se disait que quelque chose de plus gros nous attendait là-bas. Car si ça n’avait pas été la musique, on n’aurait pas quitté la douceur de l’Australie pour le froid de l’Allemagne!»
Passé la découverte de la ville qui ne dort jamais, de ses clubs de réputation mondiale, comme le Berghain, nos cinq amis commencent à déchanter, au milieu de l’hiver berlinois, fatigué des Airbnb pas chers et des petits jobs à la con qui leur permettent de survivre. C’est pourtant le froid glacial qui, dans l’intimité de leur studio, va leur permettre de mettre enfin en place l’ADN de leur musique. Un mélange de disco languide et romantique à la Bee Gees, de rock californien à la Steely Dan, de guitares calquées sur Nile Rodgers de Chic et de compression qui plonge dans la French touch et le dernier album, RAM, des Daft Punk.
Repéré et signé par le label parisien Kitsuné, qui s’y connaît quand il s’agit de découvrir les talents du futur, c’est lors d’un concert à Paris aux Bains Douches en avril 2016 que Parcels va rencontrer ses deux héros venus justement les voir sur scène: Thomas Balgalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, des Daft Punk. Le courant passe immédiatement et, embarqué en studio avec les robots casqués, Parcels sort Overnight, tube en or et ballade de velours, qui sent les palmiers, le soleil couchant et le sable chaud.
Deux ans plus tard, après avoir tourné au-delà du raisonnable (30 dates en un an juste pour la France), les cinq garçons lookés comme de parfaits hipsters sortent un premier album où plane l’ombre des Daft Punk : douze titres de funk solaire, de French touch vocale et de disco FM qu’on penserait enregistrés dans une île paradisiaque du Pacifique et non dans les frimas glacés de Berlin. Une preuve s’il en était que nos cinq Australiens risquent d’aller loin, très loin, en plus de nous réchauffer pour l’hiver avec leur bande-son idyllique en forme d’été indien.
Patrick Thévenin
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