Lorsqu’on demande à Yuliya Yg, artiste originaire d’Asie centrale, installée à Paris, si elle est une peintre “élégante” ? Elle nuance et répond : «J’aime penser que je suis une artiste qui a de l’élégance. L’élégance, dans l’art, c’est garder un sens classique de la beauté, comme la grâce.» Si on lui parle de “glamour”, elle se raidit et précise : «Il y a un peu de marge entre l’élégance et le glamour. Peut-être qu’un jour je pourrai décrire le style de certains de mes tableaux comme étant “glamour”, mais, pour le moment, il m’est très difficile de ne pas franchir la frontière entre glamour et vulgarité. Je suis une femme artiste plus attirée par la beauté simple, même nue, mais timide et charmante…»
On ne peut pas ne pas évoquer sa façon si particulière et si “modiglianesque” de peindre les yeux de ses modèles : «Je suis une artiste qui travaille dans le style décoratif, donc je ne peins pas les yeux de manière réaliste. Souvent, mon objectif est de peindre les yeux de la manière la plus abstraite possible. Modigliani est définitivement l’un de mes artistes préférés, absolument unique et l’un des artistes les plus talentueux. J’aime son travail sur les formes et les couleurs et la façon dont il combine des techniques réalistes et décoratives. Mais, en même temps, je ne veux pas être un nouveau Modigliani ; personne ne peut l’être. Mes tableaux sont aussi influencés par l’art classique et d’autres artistes comme Picasso, Matisse, Frida Kahlo, Chagall, Petrov-Vodkin, Kandinsky, Georgia O’Keeffe… qui m’inspirent pour développer ma propre vision et travailler sur mon propre style. Je me vois comme une artiste qui peut peindre la mode de manière moderne influencée par l’art classique.»
Propos recueillis par Claude Maggiori
Photographie principale : « Lady with persimons », Yuliya Yg for Olivier Theyskens
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