De l’énergie, un sourire radieux, deux grands yeux bleus, le verbe haut et la parole alerte, Raphaëlle Le Baud se confie avec conviction.
Née sur un bateau au pied du pont Alexandre-III, Raphaëlle a grandi sur la Seine auprès d’un père entrepreneur-navigateur et d’une maman psychanalyste. Diplômée de Sciences Po et nantie d’une licence de lettres, elle veut rendre sa noblesse au travail des artisans. Avec, d’abord, un choix original: les éventails. Qui s’intéresse aux éventails, aujourd’hui ? Raphaëlle ! Et son amie, Eloïse Gilles, experte en patrimoine, avec qui elle rachète en 2010 Duvelleroy, qui fut la plus grande maison d’éventails au XIXe siècle.
«On a voulu remettre l’éventail au goût du jour. L’héritier nous a confié 5 000 documents originaux, le trésor de cette maison, sur lesquels on s’appuie encore pour créer les collections: deux collections en prêt-à-porter et deux en haute couture par an. On vient de finir une magnifique ligne pour Hermès Petit h.» Mais Raphaëlle veut aller plus loin. Après Mayaro, une galerie d’artisans contemporains, des marques de prestige l’approchent pour développer leur produit et leur communication, en s’appuyant sur les métiers d’art: Métiers Rares est né. Elle s’associe avec une «Mme Digitale», Céline Brajou, pour créer des ponts entre les maisons de luxe et les métiers d’art. «Ma vraie vocation, à chaque mission, est d’apporter du business et de la notoriété à un atelier.» Sa dernière invention ? The Craft Project. «C’est le discours des artisans sur le monde, en plus de leur savoir-faire, qui rend ma vie plus intéressante. Je veux partager ça.»
Eloise Maillot Nespo
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