Est-il l’acteur le plus attachant d’Hollywood? En tout cas, il est toujours le plus surprenant.
Dans Mickey 17, le prochain film du cinéaste coréen Bong Joon-ho, palme d’or 2019 à Cannes et Oscar du meilleur réalisateur 2020 pour Parasite, nous aurons droit à deux Pattinson. Le film, adaptation du roman éponyme d’Edward Ashton, raconte l’histoire d’un astronaute envoyé coloniser une planète de glace lointaine baptisée Niflheim : il est un employé jetable, un “consommable”, utilisé pour effectuer des expéditions jugées trop dangereuses. S’il vient à mourir, il sera dupliqué, une nouvelle version de son corps, auquel est incorporée sa mémoire, est régénérée. Quand Mickey 17 est porté disparu, présumé mort, une nouvelle version, Mickey 18, voit le jour… Mais Mickey 17 est encore en vie. Il parvient même à regagner la base de sa colonie. Or, dans ce monde impitoyable, deux versions d’un même “consommable” ne peuvent coexister, ils doivent être supprimés… «Ça ne ressemble à rien de ce que j’ai fait auparavant ! s’est exclamé l’acteur. Le film est tellement fou, c’est un style de travail complètement différent.»
Robert Pattinson est aussi l’acteur le plus mystérieux, le plus déstabilisant. Né le 13 mai 1986 à Londres, rendu mondialement célèbre pour son rôle dans la saga Twilight, il a souvent pris un malin plaisir à brouiller les pistes. Devant des agents de casting qui s’inquiétaient de son accent anglais, il avait pris la fâcheuse habitude… de mentir : «Je venais à chaque fois aux entretiens dans la peau d’une personne différente, une personne américaine. Je disais que j’étais du Michigan ou de Denver», raconte l’acteur. Pattinson a aussi affirmé qu’il avait été mannequin, ce qui est tout à fait vrai, mais aussi mannequin main, ce qui est totalement faux. En 2012, il a déclaré au présentateur américain Jimmy Kimmel qu’il était… «sans abri» et au Chicago Tribune que sa coiffure hirsute était le résultat «de six semaines sans laver ses cheveux». «Je ne vois pas l’intérêt de le faire. Idem avec mon appartement. Je ne le nettoie pas, car je m’en fiche.» Il a aussi osé lancer qu’il était «membre de la famille royale britannique» et qu’il avait «côtoyé le prince Williams sur les bancs de la Royal Academy of Dramatic Arts» et qu’il avait «étudié à Oxford». Affirmations fantaisistes que l’acteur a fini par démentir…
Pattinson dit aussi «mal supporter le cirque» des interviews pour la promotion des films où il a tourné. Après Twilight et sa relation amoureuse avec Kristen Stewart, il est devenu une icône planétaire, idole des jeunes filles du monde entier, pris dans le tourbillon médiatique. «On ne sait pas ce que c’est avant de l’avoir vécu. Je ne sais pas comment je n’en suis pas venu au suicide. Ma chance, c’est que j’avais une bande de copains depuis mes 15 ans. Ils m’ont rejoint. Au début, on a fait les quatre trucs vides de sens que font les célébrités, puis j’ai recommencé à faire avec eux juste les trucs cool de nos 16 ans», a-t-il déclaré dans une interview au magazine people Grazia. Ajoutant : «Je pensais que c’était facile, qu’il suffisait d’être joli garçon. Puis j’ai vu Kristen jouer sur le plateau. Et j’ai compris que j’allais devoir m’adapter, me mettre au niveau si je ne voulais pas être écrasé…»
Dans un entretien au média britannique ES Magazine, Robert Pattinson a évoqué les nombreux régimes qu’il s’est imposé tout au long de sa carrière. Insistant sur le danger que représente le culte de l’image pour un acteur. «Une fois, je n’ai mangé que des pommes de terre pendant deux semaines pour faire une détox. Elles étaient bouillies à l’eau rehaussée d’une pointe de sel rose de l’Himalaya. Apparemment, cela nettoie… et effectivement, on perd du poids. C’est fou! Il est très facile de tomber dans le piège, même s’il ne s’agit que de compter le nombre de calories que vous prenez. Cela peut devenir incroyablement addictif – et on ne réalise pas à quel point cela peut devenir insidieux avant qu’il ne soit trop tard.» Pour certains rôles, Robert Pattinson raconte qu’il a parfois été contraint de s’imposer des régimes extrêmes, comme pour le film The Lost City of Z en 2016, pendant lequel il ne mangeait «qu’un petit morceau de poisson avec une micro-portion de riz».
Il a également suivi un régime draconien pour The Batman, au point «de compter les gorgées d’eau» avant de tourner les scènes où il apparaît torse nu. «J’avais trois mois avant de commencer le tournage, et on fait de la musculation avant et après le travail tous les jours. On ne cesse de diminuer la nourriture jusqu’au jour de tourner ces quelques scènes torse nu», précise-t-il. «J’ai essayé toutes les lubies auxquelles vous pouvez penser, tout sauf la cohérence», lâche-t-il. «J’ai aussi essayé le régime Keto. Je me disais: “Oh, il y a un régime où on mange de la charcuterie et du fromage tout le temps!” Mais je n’avais pas compris qu’on ne pouvait absolument pas boire de bière en même temps… donc ça a perdu tout son intérêt…» Aujourd’hui, à ce stade de sa carrière, Pattinson affirme qu’il ne se sent plus obligé de coller à tout prix à l’image toxique du «mâle parfait». «Je pense que si vous faites de la musculation tout le temps, vous faites partie du problème. Vous créez un précédent. Personne ne faisait ça dans les années 1970 et avant. Même James Dean.»
Aujourd’hui, Robert Pattinson semble apaisé. Il file le parfait amour avec la jeune actrice anglaise Suki Waterhouse. «Je suis choquée d’être si heureuse avec quelqu’un depuis près de cinq ans, a-t-elle déclaré au Times . Je suis toujours incroyablement excitée quand je vois son nom apparaître sur mon téléphone, et je pense qu’il ressent la même chose pour moi.»
Séraphin Bonnot
Photographie principale : Ryan Pfluger / AUGUST
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