Rencontre avec Marie Berthelon, la CEO de la maison Rouvenat, une des premières maisons de joaillerie du XIXe siècle qui revient en force 170 ans plus tard… Nous avons échangé dans ses salons qui rappellent l’héritage historique et artistique de Léon Rouvenat : l’entrée sur cour et la sublime verrière qui fait écho à la première manufacture de joaillerie au monde.
Vous êtes aujourd’hui à la tête d’une nouvelle maison de joaillerie. Comment avez-vous découvert l’héritage Léon Rouvenat ?
Marie Berthelon. Par un travail de recherche historique pendant la période de confinement, beaucoup de recherches, avec mes associés, Sandrine de Laage, Coralie de Fontenay et Frédéric de Narp. Nous avons eu tous des parcours professionnels au sein de cet univers du diamant, en France et à l’international, chez Cartier, De Beers, Harry Winston… Après de nombreuses expériences nous avions besoin de changement et avons réalisé que Léon Rouvenat était une référence de la joaillerie du second empire. Il y avait un mystère à résoudre. C’est en cherchant des archives chez un petit libraire parisien, que je suis tombée sur le plus grand fond d’archive au monde de Léon Rouvenat avec un ouvrage regroupant près de 3000 gouaches historiques d’une qualité exceptionnelle, un vrai trésor. Nous avons voulu raconter son histoire.
Tout commence en 1851, la première exposition universelle au monde se tient au Crystal Palace à Londres, à cette époque la joaillerie est composée de petits corps de métier, dans de petits ateliers. La joaillerie est dédiée à la royauté, pas encore accessible à la bourgeoisie mais l’exposition universelle va permettre de faire connaître ces industries au monde entier et la joaillerie va devenir une industrie à part entière. En 1852, Léon Rouvenat crée la première manufacture de joaillerie à Paris. Nous voulons faire revivre ce véritable joyau du XIXe siècle, tombé dans l’oubli, après la mort de ce talentueux joaillier qui, hélas, n’a pas eu de descendance.
Quelles sont pour vous les valeurs de cette nouvelle Maison ?
Léon Rouvenat a révolutionné la joaillerie à sa manière, il y a près de deux siècles. Nous faisons le choix aujourd’hui de révolutionner l’éco-joaillerie. Nous souhaitons mettre en avant une joaillerie respectueuse dans ses processus de fabrication et dans son esthétique héritée et inspirée. Sandrine de Laage , la directrice artistique a choisi de réinventer des pièces iconiques en respectant le cycle de l’éco-création. Le bijou s’adapte à la pierre et non l’inverse. La collection est volontairement intimiste, composée de modèles à l’identité forte… le champ des possibles reste immense. Sandrine de Laage aime l’idée de la métamorphose. La pièce phare de la maison est un collier, le bijoux cadenas Bolt : les quatre boucles qui entourent le cadenas se débloquent et offrent, chacune, la possibilité d’accrocher une ou plusieurs pampilles à ses volutes.
Qu’est-ce que l’éco-joaillerie ?
Ce terme regroupe une de nos principales missions : valoriser les ressources humaines et naturelles tout au long de la chaîne de création. L’éco-joaillerie c’est de la co-création, du recyclage. Nous invitons nos clients à nous montrer leurs bijoux et créons un véritable lieu d’échange. Ce sont de véritables trésors inutilisés, conservés, parfois oubliés, bijoux ou simples pierres qui sont invités à revenir dans un cercle vertueux de transformation. Les pierres, nous les achetons lors de ventes aux enchères, en faisant très attention à qui nous les achetons, car elles doivent être certifiées. Toutes les pierres sont anciennes, choisies pour avoir droit à une seconde vie, sélectionnées par le studio de création et validées par nos gemmologues. Chaque bijou est accompagné d’un certificat et d’une attestation d’ancienneté qui peut aller de 5 ans à plusieurs siècles. Une blockchain enregistre de façon digitale l’ensemble des certificats d’authenticité. Transmis aux propriétaires successifs, ces certificats sont une garantie à vie sur les pierres acquises, dans le respect des critères éthiques de la maison Rouvenat. L’éternité du bijou est en marche. Nous collaborons avec des professionnels à Paris, New York, Londres… Nous recyclons également les boîtes de bijoux, en achetant des écrins à différentes maisons de joaillerie. Ses écrins sont uniques car personnalisés par l’artiste new-yorkais, Senz.
Pourquoi avoir choisi Paris pour votre première boutique ?
La clientèle de la joaillerie est aujourd’hui principalement américaine et asiatique. Pour autant, c’était important pour nous d’être au bon endroit. Léon Rouvenat fut le point de départ du rayonnement de la joaillerie française, c’est un patrimoine français. Il était essentiel de relancer son histoire à Paris. Paris est la capitale de la joaillerie, avec un savoir-faire extraordinaire. Nous avions d’abord pensé à la place Vendôme, la rue de la Paix, mais nous avions envie de raconter une histoire, différente, unique. La rue Saint Honoré est plus vivante, et moins intimidante, nos salons se veulent un lieu de partage et d’échanges.
Maison Rouvenat
416 rue Saint-Honoré, Paris VIIIe
www.rouvenat.com
Pauline Trefzer
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