L’air de La Reine de la nuit, Der Hölle Rache, un des plus fameux du répertoire, n’a plus de secret pour elle. Avec ses contre-fa piqués, Sabine Devieilhe a conquis le public de l’Opéra dans La Flûte enchantée de Mozart dès ses débuts. Diplômée du Conservatoire de Paris en 2011, elle s’est imposée comme la soprano colorature incontournable de sa génération, avec quatre Victoires de la musique classique à son palmarès.
«La soprano colorature a des aigus, des notes qui sont écrites au-dessus de la portée, dans les extrêmes des hauteurs de la voix. Elle a aussi une agilité qui permet de chanter rapidement.» Parmi les rôles emblématiques qui requièrent cette tessiture, Olympia, la poupée des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, Lakmé, la jeune hindoue de l’opéra éponyme de Léo Delibes, et Ophélie, dans Hamlet d’Ambroise Thomas. Sabine s’apprête à retrouver cette dernière à l’Opéra Comique dans la mise en scène cinématographique de Cyril Teste. «Ophélie, c’est un vrai personnage. La scène de folie est un challenge physique, il faut l’incarner, basculer doucement vers la folie chaque soir.»
Auparavant, elle prendra le rôle de Morgana dans Alcina de Haendel, à l’Opéra Garnier. «C’est un rôle de soprano léger fait pour moi, le pendant joyeux et espiègle de Alcina, sa sœur. Le rôle d’Alcina sera interprété par Jeanine de Bique qui à elle seule vaut le détour, elle est phénoménale. Haendel est un génie du théâtre qui développe le mot, le verbe comme personne. Je lui ai, cette année, déclaré ma flamme. Après Morgana, j’incarnerai la doloriste Cléopâtre dans Giulio Cesare in Egitto en mai au Théâtre des Champs-Elysées : un projet excitant avec les débuts de Philippe Jaroussky en chef d’opéra.»
Sabine Devieilhe vient d’enregistrer un disque baroque avec Raphaël Pichon et l’ensemble Pygmalion. «L’album est né de la volonté de mettre en miroir Bach et Haendel. Quand j’ai rencontré Raphaël Pichon, qui est depuis devenu mon mari, et que j’ai commencé à travailler avec l’ensemble Pygmalion, on a joué ensemble des programmes de cantates de Bach, puis ses Passions. J’avais envie d’apporter du lyrisme avec Haendel. Nous avons créé ce programme de toutes pièces, qui mêle le profane et le sacré.»
Alice de Chirac
Photographie par Anna Dabrowska
«Hamlet», d’Ambroise Thomas, à l’Opéra Comique, du 24 janvier au 3 février.
Album : «Bach – Handel» (Erato).
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