A 34 ans seulement, cette Alice au pays des merveilles contemporaine, délicate blonde aux yeux bleus vêtue d’un uniforme sombre jean-pull-boots, a déjà eu plusieurs vies. Tatiana Verstraeten, fille de médecins, a commencé par travailler dans la finance à la suite de ses études en Belgique, où elle a grandi. Puis, elle a accompagné des créateurs, tel Anthony Vaccarello, et des marques, comme le chapelier Maison Michel, pour développer leur business. Avant de rejoindre Karl Lagerfeld chez Chanel afin d’y dessiner les accessoires. Une mission passionnante auprès du maître qu’elle a quitté après quelques années pour se lancer dans sa propre aventure. Il y a un an, Tatiana Verstraeten dévoilait ses premières pièces de haute joaillerie dans son bureau discret de la place Vendôme.
« Chez Chanel, j’ai découvert des métiers d’art exceptionnels, raconte-t-elle. J’ai voulu élever mes idées au plus haut rang du luxe. » Ainsi est né le collier Vienne, inspiré de la serre aux papillons de la capitale autrichienne, une poétique farandole d’or et d’émail incrustée de diamants et de pierres de lune dans un esprit Art nouveau revisité. Les boucles d ’oreilles assorties ont récemment été portées par Florence Pugh lors de la première parisienne des Filles du Docteur March. Quant au collier Barbara, « c’est une version lumineuse des boas portés par la chanteuse, une femme élégante, à la fois puissante et d’une extrême fragilité, que ma mère adorait », confie Tatiana Verstraeten.
A côté de ces deux pièces uniques, la joaillière a dessiné des boucles, ou plutôt des parures d’oreilles, aux légères franges de diamants, un brin Années folles, plébiscitées par de nombreuses personnalités : Rosie Huntington-Whiteley les arborait au gala du MET à New York, Tina Kunakey à l’occasion de son mariage avec Vincent Cassel à Biarritz, Cate Blanchett aux côtés de Giorgio Armani lors de sa récompense pour l’ensemble de sa carrière aux derniers British Fashion Awards à Londres… Tatiana Verstraeten, dont le frère est comédien, a elle-même fait ses premiers pas au cinéma dans le film Belle dormant, en 2017, aux côtés de Niels Schneider, Mathieu Amalric et Agathe Bonitzer. «On m’a proposé le tournage en plein été, j’étais encore en train de monter ma première collection de joaillerie, mais j’ai accepté, raconte-t- elle. L’aventure m’a plu, et j’espère rejouer un jour. Quand on est créatif, on a souvent plusieurs dimensions. Je n’ai pas fini de les explorer.»
Louise Prothery.
Photographies Thomas Tebet et Mathieu César.
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