Il a le goût des performances hors norme, du noir et de la lumière, de Shakespeare et de Musset. Désigné directeur artistique des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024, Thomas Jolly est un véritable marathonien de la scène.
En 2014, son Henry VI, donné en dix-huit heures au Festival d’Avignon, a marqué les esprits. Il a récidivé en 2022 en présentant l’intégralité de la tétralogie shakespearienne, Henry VI suivi de Richard III, en vingt-quatre heures au Quai CDN Angers. En attendant l’événement sportif planétaire, l’année 2023 a été chargée sur les scènes lyriques pour le bouillonnant acteur et metteur en scène. Du Roméo et Juliette de Gounod présenté en juin à l’Opéra Bastille à Macbeth Underworld de Pascal Dusapin dont la création française a eu lieu en novembre à l’Opéra Comique, sa signature reste la même : des costumes somptueux et des décors grandioses où les lumières sculptent des univers sombres. «L’Opéra est peut-être le dernier bastion d’émerveillement scénique. Je n’ai pas envie que ça ressemble au quotidien. C’est une volonté d’onirisme visuel et scénographique.»
En décembre, Thomas Jolly retrouve la Salle Favart pour la reprise de Fantasio, un opéra d’Offenbach d’après la pièce de Musset, avec Gaëlle Arquez dans le rôle-titre du bouffon. «Après l’échec de La Nuit vénitienne, Musset réfléchit à un autre type de théâtre. Il écrit Fantasio entre Lorenzaccio et On ne badine pas avec l’amour. Dans Fantasio, il y a beaucoup d’obscurité : le dépit amoureux, le désarroi d’une princesse, la guerre et la mort qui rôdent. Et ça s’entend dans la musique d’Offenbach.» Le cinéma de la première moitié du XXe siècle en noir et blanc, de Murnau à Orson Welles, mais aussi les jeux vidéo et les mangas, alimentent l’imaginaire de ce fou des planches. Son dernier succès ? La nouvelle mise en scène de Starmania, l’opéra rock de Michel Berger et Luc Plamondon, qui lui a valu deux Molière et un triomphe public. «C’est l’œuvre la plus iconique, la plus alternative, de deux trentenaires qui ont inventé un genre nouveau qui n’existait pas en France. Avec des mots et des mélodies simples, ils ont réussi à traduire des émotions intérieures très noires, exactement comme le fait Shakespeare.»
« Fantasio », de Jacques Offenbach, à l’Opéra Comique, jusqu’au 23 décembre.
«Starmania», de Michel Berger et Luc Plamondon, à La Seine Musicale, jusqu’au 28 janvier.
Alice de Chirac
Photographie principale : Anthony Dorfmann
A lire aussi : Akrame Benallal: «A nous de montrer que nous sommes aussi des athlètes de haut niveau»