De gauche à droite : Melanie Georgacopoulos, Francesca Villa, Alice Cicolini, Yael Sonia.
Dénicheuse de talents et agent de créateurs, Valery Demure réunit, au sein du projet «Objet d’émotion», des designers de bijoux contemporains. Elle a sélectionné quatre créatrices : Francesca Villa, qui redonne vie à des objets trouvés, Yael Sonia et ses bijoux mobiles, Melanie Georgacopoulos pour ses expérimentations sur la perle et la nacre, Alice Cicolini et ses bijoux émaillés.
Pourquoi préfères-tu travailler avec des femmes ?
Il y a un dialogue plus facile. Je travaille pourtant avec des femmes qui ont un ego, mais je les sens plus respectueuses et plus transparentes. On est vraiment d’égale à égale. J’ai cette impression que le bijou, c’est un métier d’homme… qui est de plus en plus pénétré par des femmes.
Le design conçu par des femmes est différent ?
Totalement ! Elles ne créent pas un fantasme d’hommes. J’aime beaucoup les bijoux créés par des hommes, mais il y a une sorte de sensibilité féminine dans les formes, les matières, les couleurs qui est particulière. Elles créent souvent pour leurs amies, pour leurs grand-mères, pour leurs cousines… Leurs bijoux sont riches, sophistiqués, ronds, gourmands…
Pourquoi avoir choisi ces quatre créatrices ?
Ce sont des femmes authentiques qui ont une histoire et une vraie personnalité. Ces quatre femmes ont chacune un univers à part, une poésie. C’est très important pour moi. On est dans un monde qui manque souvent d’authenticité. Francesca Villa, c’est mon dernier coup de cœur. C’est une femme d’histoires. Elle offre une nouvelle vie à des objets trouvés : une lettre d’amour, un petit soldat, des boutons anciens, des jetons de casino américains des années 1950… découverts chez les antiquaires et dans les marchés aux puces. Son défi est de créer un cadre pour ce monde miniature. Yael Sonia est une créatrice très intéressée par la cinétique. Les pierres de ses bijoux graphiques suivent le mouvement de la femme. Je trouve que c’est vraiment une très belle idée. Chacune de ses pièces est à la fois mécaniquement belle et magnifiquement mécanique. Melanie Georgacopoulos coupe, taille et perce les perles et sculpte la nacre. Pour moi, c’est une visionnaire. Elle a une approche du bijou tout aussi intellectuelle que sophistiquée. C’est sensuel et cérébral à la fois, et j’aime beaucoup ça. Alice Cicolini, à un univers riche et coloré. Elle crée des bijoux ludiques, souvent en émail, parfois en laque. Ses pièces sont comme des bonbons. Le motif de chaque bague est sculpté, puis peint à la main.
Propos recueillis par Anne Delalandre
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