Dans la fratrie Schneider, la fibre artistique irrigue les âmes comme une onde bienfaisante.
C’est au tour du petit dernier d’imposer son style. Visage d’éphèbe, silhouette gracile, regard mélancolique… Vassili Schneider avait tout pour ensorceler l’objectif. Depuis son interprétation poignante d’Albert de Morcerf dans l’adaptation cinématographique du Comte de Monte-Cristo (2024) d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, il est devenu l’étoile montante et une idole de la jeune génération. La chose le surprend autant qu’elle le flatte, mais il garde les pieds sur terre. «Je ne suis pas du genre à bomber le torse et à me nourrir de cette adoration. La célébrité aurait plutôt tendance à me mettre mal à l’aise», dit-il avec une simplicité désarmante.
Vassili a grandi à Montréal. Férus d’art, ses parents sont sa première source d’inspiration. Mannequin à ses heures, sa mère joue du piano. Grâce à son père, ex-danseur à l’Opéra de Paris, puis acteur et metteur en scène, le petit garçon fréquente précocement le milieu du cinéma. «Il m’a inscrit au doublage à 6 ans ! Ça m’amusait beaucoup de composer les voix de dessins animés ou de films comme Karaté Kid et d’aller ensuite les voir en salle.» Mais, à l’adolescence, lui qui avait songé embrasser une carrière de skater professionnel commence à se lasser des studios de doublage. Lorsque Philippe Lesage lui propose un rôle dans «Les Démons» (2016), il savoure l’expérience de «jouer un personnage, l’avoir dans son corps». Plus il multiplie les tournages (Diamant noir, La Nouvelle Vie de Paul Sneijder), plus le rêve prend forme.
A 18 ans, Vassili part en France tenter sa chance. Après une incursion dans le mannequinat (pour Yves Saint Laurent), il suit pendant un an les Ateliers du cinéma de Claude Lelouch, à Beaune. Non sans s’interroger. «Je ne savais pas si l’on voudrait de moi, si je serais à la hauteur.» En l’engageant dans Les Amandiers (2022), Valeria Bruni-Tedeschi balaie ses doutes et confirme son désir d’être acteur. L’immense succès du Comte de Monte-Cristo (10 millions d’entrées) va bouleverser le destin de cet artiste dont la profondeur émotionnelle nous touche et qui a plus d’une corde à son arc : il pratique le dessin, la peinture, la photographie et le piano.
Actuellement sur les planches pour la toute première fois, c’est une autre facette de son talent qu’il nous livre dans «La prochaine fois que tu mordras la poussière», une pièce adaptée du best-seller de Panayotis Pascot. Un quasi-seul-en-scène où s’exprime le poids des silences familiaux. «Pour moi, le théâtre est l’expression la plus noble du métier d’acteur !» exulte Vassili, heureux de pouvoir «communier avec le public». Ce fan de Patrick Dewaere se verrait bien travailler sous la direction de Jacques Audiard, Yórgos Lánthimos ou encore Justine Triet. Il s’était promis de réaliser un long-métrage avant ses 30 ans… il finalise son premier court-métrage alors qu’il vient d’en avoir 26. Une comédie noire adaptée d’une nouvelle de Raphaël Haroche : «La Plus Belle Fille du monde», avec Melvil Poupaud et Eva Danino, qu’il a «adoré diriger».
On le verra aussi bientôt à l’affiche de «La Venue de l’avenir», de Cédric Klapisch. Il semblerait que Vassili Schneider ait appliqué à la lettre la maxime infaillible de son père : «Ne laisse aucun obstacle entraver tes rêves, et, quand la chance te sourit, souris-lui en retour…»
Propos recueillis par Patricia Khenouna
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