Située sur les hauteurs du Peyloubet à Grasse, la Villa Botanica est un écrin néo-provençal tout en pierre entièrement consacré au parfum.
Au bout d’un chemin sinueux bordé de chênes et de lierre, sur un terrain de 4 hectares empreint de quiétude se dresse la Villa Botanica. Depuis le printemps 2021, ce temple du parfum surplombant la baie de Cannes est le lieu de travail et d’inspiration des parfumeurs du monde. Là, ils peuvent façonner leurs créations et explorer de nouvelles pistes olfactives loin du de l’effervescence sonore des grandes villes. Derrière ce projet : l’entreprise suisse Dsm-Firmenich créatrice d’arômes et de fragrances dont le parfum Acqua di Gio de Giorgio Armani qu’on ne présente plus.
La Villa Botanica est un joyau de l’univers de la parfumerie. Son histoire est racontée dans un très beau livre avec la plume de Lionel Paillès et avec le regard de Philippe Frisée publié chez Gallimard : Grasse, de la fleur au parfum. « J’ai commencé à écrire sur le parfum en 2013 et Fabrice m’a rapidement invité à Grasse. A l’époque je ne savais pas comment on fabriquait un parfum. Ça a été une découverte complète » confie Lionel Paillès avant de poursuivre : « Un jour il m’a annoncé qu’il ouvrait un lieu appelé la Villa Botanica, à la fois lieu de création et lieu de réception pour les clients de Firmenich. Je me suis dit qu’il y avait un livre à faire pour raconter tout le processus : la récolte, la transformation et la création du parfum. »
Le lieu abrite plusieurs espaces dont le « creative lab » situé dans une dépendance adjacente et véritable terrain de jeu des parfumeurs. Ce dernier, équipé de postes de pesée, d’une bibliothèque et d’un espace de détente, est relié à des centres de création à travers le monde. Il abrite également un orgue à parfums contenant plus de 500 ingrédients parmi les plus répandus dans la composition des fragrances. C’est aussi dans le studio que sont organisées les sessions olfactives entre les parfumeurs et les clients pour ajuster les formules et trouver le juste équilibre.
« On parle toujours des parfumeurs. Mais avant les parfumeurs il y a beaucoup de choses qui se passent. Il y a la culture de plantes à parfum par des paysans passionnés, au sens noble du terme. Puis l’étape de la transformation des fleurs. A Grasse nous avons un outil qui nous permet de transformer toutes ces matières premières en différents extraits qui serviront à la création pour le parfumeur. Nous avons voulu mettre en lumière toutes ces passions et tous ces métiers » dit Fabrice Pellegrin, parfumeur principal et directeur de l’innovation des produits naturels chez Dsm-Firmenich à la Villa Botanica à Grasse.
Plus loin, le jardin botanique s’étale en une alternance de cultures et plantations de plantes à parfum. Pensé par le jardinier et paysagiste Antoine Leclef, il offre une expérience sensorielle unique. En continuant le long du chemin bordé de chênes, le visiteur découvre une oliveraie et une serre abritant les essences exotiques tels que le vétiver, la cannelle, le champaca, l’ylang-ylang, le datura ou encore la mangue. A côté de la piscine, le jardin d’agrumes renferme une palette complète de citrus utilisés en parfumerie : bergamote, orange, bigaradier…
Si la Villa n’est pas ouverte au public, ce recueil est idéal pour découvrir tous ses secrets. « L’idée c’était de faire un livre destiné au grand public, pas seulement destiné au milieu de la parfumerie » conclut Lionel Paillès.
Alice Ernult
Photographie principale : Villa Botanica
A lire aussi : Anne-Lise Cremona : « Henry Jacques, c’est de la haute parfumerie »