A l’occasion de la sortie de sa nouvelle collection féminine, la maison Vacheron Constantin a choisi la créatrice Yiqing Yin pour incarner la rencontre de la haute couture et de la haute horlogerie. Cette collection « Egérie » révèle un design asymétrique cher à la maison et une esthétique qui évoque les plissés époustouflants de Yiqing Yin.
Tu incarnes la collection féminine de Vacheron Constantin, qu’est-ce qui t’a séduit dans ce projet ?
Yiqing Yin. C’est l’élégance singulière de la maison et son aura d’exception, qui m’ont séduite avant tout. Incarner la collection Femme de Vacheron Constantin est un honneur. J’ai trouvé très audacieuse l’idée d’une collection qui tisse des liens tant poétiques qu’esthétiques entre les univers de la haute couture et la haute horlogerie (habituellement très masculine), et qui serait un hommage à la recherche constante de l’excellence, de la beauté et de l’innovation, qui réunit nos deux corps de métiers. Il y avait là une belle histoire à écrire en commun.
Quelles sont tes qualités ou tes traits de caractères qui font de toi une égérie de la maison ?
L’amour de l’authentique, la recherche du singulier. En tant que créative, je pense partager les valeurs fondamentales de la maison : l’émotion du fait main, de la pièce rare, une démarche d’inventeur qui s’inscrit sous le prisme d’un artisanat créatif d’exception, d’une obsession pour le détail et d’une quête permanente de nouveaux horizons.
En quoi la maison Vacheron Constantin fait-elle écho à ta vision de la création, du savoir-faire et de l’excellence ?
Il y a tout d’abord l’exigence d’un travail immaculé et la précision du geste, et puis surtout l’hybridation des disciplines artistiques. J’ai eu le privilège de visiter la manufacture à Genève, et, bien que traditionnelle et majestueuse, elle fonctionne comme un laboratoire de recherche regroupant un portefeuille impressionnant de métiers d’art. J’y ai retrouvé le même esprit d’expérimentation que j’ai toujours privilégié au sein de ma création, celle-la même qui permet de bousculer les frontières esthétiques et techniques et d’ouvrir des voies vers l’inattendu. Quant à l’excellence, elle trouve sa signature dans une noblesse dénuée d’artifices. C’est un joyau de sobriété qui cache une infinie complexité. A l’image de la structure d’un vêtement bien construit et aux finitions impeccables, la véritable prouesse ne se voit jamais à l’œil nu.
Quelles correspondances retiens-tu entre la haute couture et la haute horlogerie ?
La passion qu’invoquent ces métiers à la croisée de l’innovation et de l’héritage, l’obsession du détail, la rareté et la rencontre des savoir-faire d’exception. Et surtout, l’intransigeance et le temps qu’il faut accepter d’abandonner pour aboutir à des créations extraordinaires, objets de convoitise et de beauté, pensés pour leur poésie et leur pérennité.
En quoi tes créations couture et leurs sublimes drapés font-ils écho à cette collection Egérie ?
La collection « Egérie », toute en courbes concentriques, met en lumière un motif exquis de plissés sur son cadran, avec la technique de « tapisserie », réalisée avec prouesse par l’artisan guillocheur de la maison. D’une extrême précision, ce drapé d’argent est un écho évident aux détournements de matières et aux techniques de plissés qui font ma signature et que l’on retrouve au cœur de mes créations. Tout comme mes robes, la montre « Egérie » est un écrin de finesse pour une féminité consciente et délicate.
Quelle est ta montre préférée ?
L’ »Egérie Phase de Lune », pour la poésie et l’émotion qu’elle provoque. Elle est une invitation au rêve et au voyage dans l’imaginaire. J’ai toujours été fascinée par la lune, envoûtante et mystérieuse. Pour moi, elle incarne le pouvoir de transformation et de création par excellence. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ma fille s’appelle Luna. Les phases de lune influent sur les marées, les mouvements des bancs de poissons, la croissance des végétaux mais aussi sur nos émotions. Cette complication horlogère permet d’avoir une autre conscience du temps, plus intuitive et proche de la nature. Une autre mesure, un autre espace, le sens du temps autrement que dicté par son iPhone. Au-delà de sa fonction primaire, l’ »Egérie Phase de Lune » me plaît pour ce qu’elle représente : une petite porte ouverte sur les astres et l’origine du temps qui me captive tant.
Pour moi, c’est un joli rappel de toujours garder un peu la tête dans les étoiles…
Quels sont tes projets ?
La confidentialité des projets ne me permet pas de les nommer, mais il y a de très belles palettes d’expression en pleine esquisse. Des projets créatifs tournés vers l’expression libre, l’expérimentation et la pluridisciplinarité.