Elle est passée en quelques mois des festivals aux grandes scènes et pourrait bien être la “révélation de la chanson française de l’année”. Elle, c’est Zaho de Sagazan. Du haut de ses 23 printemps, la jeune chanteuse séduit par sa voix singulière et ses chansons à texte ponctuées de rythmes électroniques sombres.
A la question C’est un rêve qui devient réalité ?, elle nous répond, très enjouée : «Je rêvais de choses que je vis en ce moment : une tournée complète que je fais avec mes meilleurs copains, rencontrer plein de gens, faire un album qui me plaît. Je suis ravie de voir que ma musique séduit, c’est fantastique, on ne peut qu’être heureux.» Son premier album, La Symphonie des éclairs, sorti le 31 mars, s’est écoulé à plus de 40 000 exemplaires. Un mélange d’électro et de chansons à texte, résultat de nombreuses inspirations musicales. Parmi sa longue liste d’artistes qu’elle admire, Barbara et Brel, bien sûr, mais aussi les Pink Floyd, Camille, Michel Legrand, John Maus, les Daft Punk, Benjamin Clementine, Patrick Watson… «J’aime différents genres, explique-t-elle. J’ai écouté énormément de chansons françaises, mais j’adore l’électronique, la cold wave, j’adore le rock, la musique classique. Chaque genre a sa force. Évidemment, avec les chansons à texte, ce sont les mots qui nous touchent, mais si tu vas en soirée dans un club à Berlin, tu te rends compte qu’un arpégiateur peut te transporter tout autant que les mots d’un refrain.»
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Zaho de Sagazan souhaite offrir un show exceptionnel sur scène. «J’admire les gens qui donnent de leur corps et de leur sueur, j’aime les danseurs, j’aime Stromae qui danse comme un dingue en plus d’avoir des textes de dingue. Et je crois qu’on ne donne pas que par la voix. En tant qu’interprète, il y a quelque chose qui se passe avec le corps.» Et les scènes, elle les embrase. A Paris, début novembre, son concert à l’Olympia affichait complet. En sept mois, ce sont plus de 90 concerts qui ont été assurés par la jeune femme originaire de Saint-Nazaire, qui se qualifie, elle et son équipe, d’«amoureux du live». Pour gérer ce rythme intense, la chanteuse a dû changer drastiquement son mode de vie : moins d’alcool, plus de sport, et surtout beaucoup de sommeil. «Matthieu Chedid m’a donné comme conseil de dormir, faire des siestes. Le plus possible. C’était quelque chose que je mettais un peu de côté avant. Ce qui est génial, c’est que c’est quelque chose qui te demande beaucoup de discipline, et ça t’amène à être une meilleure version de toi-même, et ça me pousse à être une athlète, et j’aime bien la Zaho version athlète, je crois (rires). Je lis aussi beaucoup de philo. Ça me ramène au monde.» La chanteuse peut compter sur sa bande : Lucie, sa meilleure copine de lycée, est aujourd’hui sa manageuse ; Guillaume et Pierre, des amis d’enfance, s’occupent respectivement des images et du son ; Alban, rencontré au lycée, est chargé du merchandising, comme Tom, son batteur… «En fait, on est tous des copains. Nous venons tous du même endroit de Saint-Nazaire, et c’est tous notre premier Zénith. J’ai en plus la chance d’être entourée de gros bosseurs. Et c’est tout aussi passionnant, car on a tout à inventer, et on invente entre copains, donc c’est quand même assez magique.»
Derrière cette voix singulière et grave se cache une grande sensibilité que la chanteuse a longtemps eu du mal à apprivoiser. Pour elle, la musique a été une révélation ; l’écriture, un exutoire. «Quand j’ai découvert la musique, j’ai compris que pleurer à mon piano me faisait un bien fou et qu’en plus ça fabriquait de jolies choses. Pourquoi est-ce qu’on se met à écrire un jour ? Parce qu’on a besoin de sortir quelque chose de soi.» Zaho de Sagazan, émue et déterminée, fera son premier Zénith à Paris le 13 mars prochain.
Zaho de Sagazan sera aussi au Théâtre national de Chaillot, les 24 et 25 janvier 2024.
Alice Ernult
Photographie principale : ©Emma_Picq
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