A l’instar des Rihanna et Beyoncé, ces déesses qui changent les canons de la beauté, le style, la mode… et le monde, Zendaya s’est imposée en trois syllabes. Ex-baby star de Disney Channel, actrice, chanteuse, mannequin, égérie de Balmain, Bulgari, Valentino, cette magnifique Californienne de 25 ans, avec ses tenues de femme fatale revisitées – la robe Balmain “effet mouillé” à la Mostra de Venise, le boléro et jupe sirène Alaïa à la première de Dune à Paris – est magnifique de maturité dans le film d’auteur très “cassavetien” Malcolm & Marie. Elle est dans Dune, bien sûr. Mais aussi dans la nouvelle saison d’Euphoria, dans Spider-Man : No Way Home, qui sort en décembre, où elle reprend du service… Zendaya, décidément, étincelle !
Tout d’abord, Dune. Se retrouver dans une telle superproduction, aux côtés de Timothée Chalamet, Javier Bardem, Charlotte Rampling… Quelle expérience !
Zendaya. Pour Dune, et pour devenir le personnage de Chani, je n’avais que quelques jours de tournage, mais c’était plus qu’intimidant : c’était effrayant, j’avais trop conscience de faire partie d’un casting énorme. Mais, dès que j’ai posé le pied sur le plateau, tout le monde m’avait pris sous son aile, je n’ai eu qu’à me laisser guider dans cet univers dont Denis Villeneuve (le réalisateur) connaît le moindre détail, lui qui est fou du livre de Frank Herbert depuis son enfance. Je lui ai fait entièrement confiance, et l’expérience a été belle. Je suis très fière d’être une des pièces du grand puzzle de Dune.
Donner la réplique à Timothée Chalamet…
Côtoyer quelqu’un du même âge était agréable ! Timothée, lui, appréciait le côté “super, enfin quelqu’un qui comprend mes blagues” (Rires). Nous sommes devenus immédiatement amis. Il organisait dans ma caravane des fêtes où on dansait tous sur des tubes des années 2000. Je n’arrête pas de me vanter d’avoir une photo de Javier Bardem en train de chalouper. Elle est affichée chez moi, et je ne suis pas près de l’enlever de mon mur !
Dans Euphoria, série sur des lycéens de la génération Z, votre personnage, Rue, est déchiré, elle souffre d’addiction. Que partagez-vous avec elle ?
La seconde saison sera encore plus sombre. Eprouvante, même. Je ne suis pas du tout comme Rue dans Euphoria. Je suis ultra-sobre, et je ne peux comprendre ce personnage que jusqu’à un certain point. C’est justement là où je dois être bonne actrice.
Vous avez reçu en 2020 l’Emmy Award de la meilleure actrice pour Euphoria, en devenant – la classe – la plus jeune comédienne à recevoir ce trophée…
J’aurais été heureuse même sans rien gagner. Juste me trouver parmi de telles légendes du show-business. Mais ma famille était là quand ils ont annoncé mon nom, mon chien était là et courait partout entre les tables, j’ai reçu des fleurs, et j’en ai envoyé. Plein d’amour émanait des autres nominés : c’était vraiment trop cool !
Le créateur d’Euphoria vous a écrit un très beau personnage de jeune actrice débutante confrontée, le temps d’une nuit de disputes, à son petit ami metteur en scène : Malcolm&Marie, qu’on a pu voir en début d’année sur Netflix. Votre premier vrai rôle de «femme» ?
Dans The Greatest Showman, avec Hugh Jackman, je jouais déjà une adulte, mais dans Malcolm & Marie je joue sur un registre tellement dramatique qu’on peut en effet parler d’émancipation. Nous étions en pleine crise du Covid, la série se terminait quand Sam a dit qu’il allait écrire quelque chose d’inspiré de sa propre expérience à Hollywood, avec des rôles taillés spécialement pour moi et pour John David Washington. Ni John David ni moi n’avons des relations aussi perverses avec l’autre dans nos vies, mais nous avons passé tant de temps à parler, tous les trois, que le film est devenu intime et viscéral.
Vous avez écrit une chanson pour Euphoria, vous avez coproduit Malcolm & Marie, vous travaillez depuis l’âge de 13 ans, vous avez presque 85 millions de followers et vous n’avez pas peur de lancer des messages politiques progressistes… Vous avez un but ?
Les réseaux sociaux, je n’y consacre pas tout mon temps, car on se fait vite aspirer et je ne veux pas passer ma vie sur mon téléphone. Je veux vivre dans la réalité. En même temps, cela fait partie du travail, du lien qui me relie aux gens qui me soutiennent. J’essaie de ne pas trop penser à tout cela, l’équilibre se fera naturellement, suivant les envies. L’essentiel est d’être sincère. Je ne veux rien faire par désir de validation, mais parce que j’en ressens le besoin.
Votre image, votre style ont aidé votre ascension.
Une belle représentation de soi fait partie d’une idée forte : ne pas avoir peur de son pouvoir, être fière de qui on est. On fait souvent croire aux femmes qu’elles doivent avoir un peu de crainte. Mes parents m’ont appris le contraire et je les en remercie. Avec Law Roach, qui est devenu un des plus grands stylistes du métier, nous avons une collaboration intime.
Quelle est votre idée de l’amour ?
Quelque chose que vous ne pouvez pas toujours contrôler. Je ressens de l’amour pour tant de choses et de gens différents. Le plus important est de montrer aux gens que vous les aimez… et parfois nous n’y arrivons pas. Il faut tout faire pour remercier les personnes qui donnent un sens à nos vies. Avoir de la gratitude et la partager, c’est très important.
D’où vient votre nom ?
Mes parents (sa mère, professeur de théâtre, a des origines écossaises et allemandes, son père, ancien professeur de sport devenu son manager et garde du corps, vient d’une famille afro-américaine de l’Arkansas, ndlr) voulaient pour moi un nom issu du langage africain. Ils ont fait des recherches et ont trouvé un mot qui signifie “rendre grâce”. Et puis plusieurs membres de la famille de mon père ont des noms contenant un Z, et mon père est très tourné vers le zen… (Rires.) En gros, mon nom est un mélange de réalité et de fiction. (Rires.)
Propos recueillis par Juliette Michaud
Photographie par Beau Grealy / Trunk Archive
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