Composé d’un ensemble de chemises d’homme brodées à la main, le premier opus de la nouvelle marque Baziszt séduit par ses inspirations vintage et son esprit solaire. Rencontre à Paris avec son créateur, Zied Ben Amor.
Comment est née Baziszt ?
Zied Ben Amor. J’ai travaillé pendant dix ans dans un cabinet de conseil à Paris, comme ingénieur dans l’intelligence artificielle. J’étais passionné de mode, avec une nature nostalgique. J’adore aller dans les marchés aux puces et les brocantes pour chiner des pièces rares de linge de maison et des broderies. Un jour, dans un hôtel, en Nouvelle-Zélande, j’ai remarqué des coussins brodés à la main au point de croix et j’ai imaginé une collection qui reprendrait des dessins de broderies anciennes pour les mettre au goût du jour. L’idée a grandi jusqu’à la naissance de la marque Baziszt. Ma rencontre avec Jean-Marc Fellous (directeur de l’agence de communication éponyme) a été providentielle. C’est un passionné, il a beaucoup de goût et il connaît le métier. Il a enrichi ma culture de la mode.
D’où te vient cette sensibilité nostalgique ?
J’ai perdu mon père très jeune. Ma mère était mélancolique, mais elle était passionnée par les magazines de mode, et sa meilleure amie, couturière, lui réalisait les modèles vus dans les pages. Les tissus, les teintes m’ont beaucoup marqué, et j’ai gardé cette sensibilité artistique. Cela a rendu mon enfance joyeuse et a apporté des couleurs au tableau noir et blanc de ma vie. C’est peut-être un peu cliché, mais c’est une réalité.
Comment sélectionnes-tu les broderies ?
J’aime quand elles racontent une histoire. La chemise Joy of Living, avec une broderie ancienne d’enfants en train de jouer me rappelle mon jeune âge, nos jeux dans la rue. Je m’inspire des couleurs de la Tunisie, le désert, les couchers de soleil, le bleu de Sidi Bou Saïd… Il y a aussi une chemise avec des perles, inspirée des tatouages berbères que je voyais sur le visage de ma grand-mère. Nous réalisons aussi des pièces uniques, à dénicher uniquement sur notre site. Des pièces confectionnées avec des tissus anciens que nous rebrodons pour apporter l’esprit artistique de Baziszt.
Tu es très attentif au modèle écoresponsable…
Absolument. Les tissus proviennent du pays de fabrication pour limiter le transport. De Tunisie et essentiellement d’Inde, car nous y avons notre propre atelier de brodeurs et de teinturiers. Nous utilisons essentiellement du chanvre, une matière écoresponsable car issue d’une plante peu gourmande en eau, et uniquement de la teinture végétale. Nous travaillons aussi du coton bio et nous récupérons des stocks de tissus de marque. Je suis très sensible à la matière, il faut qu’elle soit vraiment douce et confortable, mais aussi à l’aspect pratique. Nous intégrons des poches à quasiment toutes nos chemises, car, on l’oublie trop souvent, elles remplacent le sac à main des femmes.
Où imagines-tu la marque dans quelques années ?
Nous souhaitons être référencés dans des points de vente qui correspondent à nos valeurs et à notre univers, comme BDC à Paris. Quand une personne porte nos chemises, nous voulons qu’elle soit fière. Baziszt s’adresse à des gens avertis, de tout âge, qui aiment la mode et veulent se démarquer.
Propos recueillis par Anne Delalandre
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